BelgiqueHommage aux victimes des attentats à Bruxelles
Des milliers de personnes ont rendu hommage, dimanche à Bruxelles, aux 32 morts des attentats du 22 mars.
«Daech casse-toi, Bruxelles n'est pas à toi !». Sept mille personnes, selon la police, ont rendu un émouvant hommage dimanche dans les rues de la capitale belge aux 32 morts des attentats du 22 mars à l'occasion d'une marche très œcuménique «contre la terreur et la haine».
La participation a été néanmoins en deçà de la foule espérée par les organisateurs. Le cortège principal, d'où émergeaient des fleurs et diverses pancartes célébrant le «vivre ensemble» et condamnant le terrorisme, s'est élancé en silence de la Gare du Nord peu après 14h.
Après la jonction avec un millier d'autres marcheurs arrivés du centre de la commune sensible de Molenbeek, il a atteint son point d'arrivée peu avant 16h00, pour un moment d'hommage aux personnes tuées il y a presque un mois à l'aéroport et dans le métro bruxellois.
Un homme a égrené un par un les 32 noms avec les âges, de 21 à 79 ans. Puis la parole a été donnée à des témoins des attentats et à des proches de victimes, de toutes origines.
«Notre islam est basé sur l'amour de Dieu et sur l'amour de l'autre, peu importe sa culture, son origine, sa religion», a écrit dans un message lu par une proche le mari de Loubna Lafquiri, une jeune mère belgo-marocaine de trois enfants tuée à la station de métro Maelbeek. «Ma princesse, mon trésor, mon amour éternel, je te dis à bientôt», ajoutait l'auteur du texte.
Diversité
Un employé de l'aéroport, qui a vécu «l'impensable» le 22 mars, a encouragé à suivre des formations de secourisme, sa propre expérience lui ayant permis d'apporter les premiers soins à des blessés.
Au milieu des marcheurs, vers la tête du cortège, un camion de pompiers, gyrophares allumés, roulait au pas. Le symbole du «rôle important des secouristes lors des attentats», a expliqué le porte-parole des pompiers, Pierre Meys.
Suivaient peu après les principaux représentants des cultes musulman, juif, catholique, protestant, orthodoxe, ce dont le ministre de la Justice, le chrétien-démocrate flamand Koen Geens, s'est dit «très heureux».
Polémique
La marche survient dans un climat de polémique au lendemain de déclarations controversées de son collègue de l'Intérieur, le nationaliste flamand Jan Jambon. Celui-ci a affirmé que la politique d'intégration des étrangers en Belgique avait échoué, y voyant pour preuve le fait qu'«une partie significative de la communauté musulmane a dansé à l'occasion des attentats».
Des députés PS (socialistes) interrogés par la presse belge ont demandé que le Premier ministre Charles Michel condamne ces propos.
Si elles étaient rarement évoquées par les marcheurs, soucieux de maintenir un climat pacifique, les déclarations de M. Jambon étaient dans beaucoup de têtes.
Après la marche, le Premier ministre Charles Michel a reçu à sa résidence officielle quelques organisateurs et des familles de victimes.
Repoussée une première fois
La manifestation, issue d'une initiative citoyenne relayée par quelque 160 organisations, dont celles du collectif flamand «Hart boven Hard», devait initialement se dérouler le 27 mars, cinq jours après les attentats. Mais elle avait été annulée, les autorités craignant alors pour la sécurité des participants.
Cette fois, les organisateurs tablaient sur 15'000 participants et certains ne masquaient par leur déception dimanche. «La Wallonie ne s'est pas mobilisée», a dit l'un deux.