Série«House of Cards»: la Romandie dindon de la farce
La quatrième saison de la série est diffusée par Netflix en France mais pas en Suisse. Comment en est-on arrivé là?
- par
- Jean-Charles Canet
Une bande-annonce de la saison 4 de «House of Cards».
Coup de tonnerre au début du mois de mars dans le paysage audiovisuel français. «House of Cards», la série de prestige produite par Netflix a retrouvé son lit originel. Alors que cette dernière était diffusée en primeur sur Canal+ pour les trois premières saisons, Netflix, qui s'est installé sur le marché européen entre temps, a récupéré ses droits avec la quatrième ne laissant à la chaîne à péage française que les yeux pour pleurer.
La conséquence semblait alors couler de source: puisque le diffuseur américain de films et de séries au forfait a récupéré sa pompe à audience, ses abonnés suisses allaient en bénéficier. C'était aller un peu vite en besogne: si les trois premières saisons ont bien fait leur apparition sur le catalogue à croix blanche, ceinture pour la quatrième.
HollyStar saisit l'opportunité
Dans la foulée, HollyStar, le principal fournisseur suisse de vidéos à la demande, publie un communiqué triomphal: la saison 4 de «House of Cards» se trouve chez eux et nulle part ailleurs. Explication donnée: Netflix aurait «renoncé à acheter les droits pour la Suisse». Ce n'est pas aussi simple, on y reviendra.
Que fait alors le fan de la série soucieux de la légalité de ses actes? Il se rue sur le service helvétique pour constater à son grand dépit que les très convoités 13 épisodes ne sont proposés que dans leur langue anglaise originale (sans sous-titre) ou doublés en allemand et en italien. Le spectateur romand se sent alors le dindon d'une farce de très mauvais goût.
Un pacte tombe à l'eau
HollyStar s'explique par la voix de son directeur Eric Grignon. Son service a saisi une opportunité qui lui a permis de récupérer des droits de diffusions disponibles en Allemagne et en Italie. Pour des sous-titres français, un pacte avait été conclu avec Canal+. Mais, Canal mis sur la touche, tout est tombé à l'eau.
Contacté par «Le Matin», Netflix dément implicitement avoir renoncé à proposer les nouveaux épisodes à ses abonnés suisses. L'entreprise indique en être empêché pour l'instant par des accords antérieurs à son implantation. Netflix précise néanmoins que cette saison de toutes les convoitises sera ajoutée à son catalogue helvétique dans 6 mois (grosso modo à partir de septembre 2016).
Que reste-t-il?
Il ne reste donc au Suisse romand soit à prendre son mal en patience, soit à céder aux sirènes légalement ambiguës du téléchargement ou encore dénicher le petit programme qui fait croire à Netflix que son abonné suisse se trouve en France. La saison du désir apparaîtra comme par magie aussi bien doublée en français qu'en version originale sous-titrée.