FootballHugh Quennec est le repreneur de Servette
Le président du GE Servette Hockey Club reprend les rênes du club de football du bout du lac. Michel Pont sera associé au projet.
C'est un impensable coup de théâtre qui a eu lieu jeudi dans l'affaire du Servette FC. Le président du Genève-Servette Hockey Club Hugh Quennec, appuyé par des financiers de la place, est en effet devenu l'unique actionnaire du club grenat, lequel a pu déposer une demande d'ajournement de faillite et obtenu une semaine de sursis.
«J'ai finalisé avec Majid Pishyar un accord faisant de moi l'actionnaire à 100% du Servette FC (ndlr: pour un franc symbolique), a confirmé devant la presse Hugh Quennec (47 ans). Tout s'est passé assez rapidement.» Le co-propriétaire et président du GSHC a été contacté par des financiers lundi. Ces derniers ont réuni la somme de 650'000 francs nécessaire pour permettre d'assurer les dépenses courantes du club pendant un mois et l'ont mise à disposition du Canadien.
«Ces personnes n'ont aucun intérêt privé et ne veulent pas être mentionnées, précise M. Quennec. On m'a donné les clés. Maintenant, le premier objectif est de payer les employés du club d'ici à vendredi prochain. Nous ferons ensuite un état des lieux pour savoir où en est Servette. Après, nous prendrons contact avec les créanciers et étudierons si leurs demandes sont légitimes. Mon souhait est de rembourser tout le monde.»
Pas d'investissement personnel
Placé à la tête du SFC par ces donateurs anonymes, Hugh Quennec ne compte pas, selon sa première analyse de la situation, mettre la main à la poche. «Ma philosophie est qu'un club doit générer des recettes par la billetterie, le merchandising et bien d'autres services. Mon plan n'est pas d'investir mon propre argent.»
L'urgence du cas servettien empêche le nouveau patron de faire des projets à moyen terme. En point de mire, l'effacement de l'ardoise du club, l'obtention de la licence de jeu pour 2012/13 auprès de la Swiss Football League (délai pour envoyer les dossiers le 12 mars) et la mise sur pied d'un budget équilibré pour la saison à venir. «Des personnes se sont déjà manifestées pour nous aider, mon téléphone explose !, se réjouit M. Quennec. Mon travail consiste maintenant à aller voir ces sponsors ou donateurs et à leur redonner confiance.»
L'aura du GSHC comme alliée
Un rôle qui colle sans doute à merveille à celui qui est associé à la réussite du Genève-Servette en hockey. Le club a pris une place très importante dans la vie des amateurs de sport du canton, grâce notamment aux relations qu'il a su tisser avec le public et les milieux économico-politiques genevois.
C'est alors tout naturellement que le Canadien a été approché, entre autres par Michel Pont. L'entraîneur-assistant de l'équipe de Suisse, Genevois pur sucre, s'est «jeté à corps perdu», selon ses propres mots, dans l'opération de sauvetage du club grenat. Il a rencontré tous les candidats à une reprise du SFC. «Michel Pont est un grand homme et Genève a de la chance de l'avoir, affirme Hugh Quennec. Il a joué un rôle vital dans cette affaire, au même titre que MM. Beer (conseiller d'Etat en charge des sports), Kanaan (conseiller administratif en charge des sports) et Mutter (directeur cantonal des sports), qui sont d'un grand soutien.» Devant le sérieux du dossier présenté par l'homme d'affaires canadien, la justice genevoise a décidé de se donner un peu de temps avant de prononcer, ou non, la faillite du club. La «demande sera examinée dans les jours à venir», explique le pouvoir judiciaire dans un communiqué, en précisant qu'«aucune décision (...) ne sera prise avant la fin de la semaine prochaine».
Questions en suspens
Ce spectaculaire déblocage d'une situation qui apparaissait comme étant désespérée ne balaie néanmoins pas toutes les questions concernant l'avenir de Servette. Le club obtiendra-t-il sa licence de jeu pour la saison prochaine? «Les relations avec la SFL sont excellentes», rassure Philipp Kneubühler, en charge du dossier au club. «Ce n'est pas une question de compétence mais de temps. Nous ne serons probablement pas prêts pour la première instance.» Le club pourra alors se rattraper en seconde instance.
La nouvelle équipe dirigeante - dont la composition n'est pas connue, même de M. Quennec - reprendra-t-elle l'exploitation du Stade de Genève, cédée à Majid Pishyar pour 32 ans? «Je ne maîtrise pas les détails de cette affaire pour le moment», coupe le Canadien.
L'avenir financier du club est-il assuré? «Il faut de l'argent !, martèle Michel Pont. Servette n'est pas sauvé. Il faut rester mobilisé pour que M. Quennec puisse, après ce délai de 30 jours, commencer la reconstruction du Servette.»
Seule chose acquise, le match à domicile contre Lucerne dimanche, pour le compte de la 24e journée d'Axpo Super League, aura lieu. La SFL, qui demeure en contact avec la nouvelle équipe, a fait part de son «soulagement» et «espère voir se concrétiser cette solution ces prochains jours». L'instance «examinera la reprise en temps voulu sur la base de ses règlements revus en novembre 2011».
La réaction de Chris McSorley, coach du GE Servette HC:
«Cela fait plusieurs jours que je suis au courant de cette entreprise. Je savais que Hugh Quennec travaillait étroitement avec Michel Pont pour tenter de fédérer les gens autour d'un projet de reprise. J'admire Hugh pour son énergie et son enthousiasme. Et il s'est donné sans compter pour réussir à mener à bien ce projet.»