BD - Idéfix a désormais aussi droit à sa série

Les animaux de séries célèbres ont souvent eu droit à leurs propres aventures, le succès aidant. On pense évidemment à Rantanplan de Lucky Luke ou au Marsupilami de Spirou. Astérix étant le best-seller absolu de la BD franco-belge, il fallait bien s’attendre à ce que l’éditeur trouve une niche pour lancer des albums dont Idéfix serait le héros. C’est peut-être opportuniste, mais pas que.

D’abord parce que Goscinny et Uderzo avaient déjà envisagé une série animée centrée sur Idéfix pour la télévision, réalisant même quelques minutes d’un épisode. Ensuite parce que mettre en avant des personnages animaliers rend justice au talent qu’avait Uderzo pour, en admirateur de Walt Disney qu’il était, dessiner les animaux.

Restait à savoir si le résultat serait à la hauteur, sachant que ce ne sont ni Ferri et Conrad, scénariste et dessinateur actuels d’Astérix, qui sont aux commandes de cette nouvelle série. Après lecture de ce premier tome, on peut carrément applaudir: c’est plaisant à lire, cela réserve de nombreuses surprises et c’est bien dans l’esprit tant scénaristique que graphique d’Astérix.

On en viendrait presque même à regretter le petit format de cet album, qui lui donne un côté gadget qu’il n’est pas. Ses 72 pages se composent de trois histoires, scénarisées par Yves Coulon, Matthieu Choquet et Jérôme Erbin. Deux sont dessinées par Philippe Fenech et une par Jean Bastide. Qui se fondent étonnamment bien dans le graphisme pourtant virtuose d’Uderzo. Il faut dire que ce dernier appréciait la patte de Fenech et que Bastide a un talent tel qu’il a déjà pu reprendre «Boule et Bill» de Roba et la série dérivée de «Sambre» de Yslaire.

Excellente idée également de ne pas avoir choisi de faire vivre à Idéfix des aventures en parallèle à celles qu’il vit avec Astérix et Obéix. Nous ne sommes pas ici dans le village, mais à Lutèce, deux ans avant la rencontre du petit chien et des deux Gaulois. Avec un même pitch de base, puisque la ville est occupée par les Romains… et leurs animaux: chiens de garde et chatte despotique. Idéfix, lui, est avec la «faune locale», une bande d’irréductibles, composée de deux autres chiens, un chat et un pigeon. Les aventures sont plus cartoonesques et légères que celles d’Astérix, visant sans doute un public plus jeune. Mais les adultes y trouvent également leur compte, notamment parce qu’on a le plaisir de croiser des personnages de la série principale, comme Goudurix («Astérix et les Normands»), l’autre druide amnésique du «Combat des chefs», l’architecte du «Domaine des dieux» et même… le chef Abraracourcix et son épouse Bonnemine, qui ont des raisons de venir à Lutèce puisque le frère de cette dernière y habite (voir «Les lauriers de César»). Des clins d’œil qui sont un vrai bonheur.

Bref, n’hésitez pas, replongez dans l’univers créé par Goscinny et Uderzo, en attendant (mais là ce sera en effet pour les plus petits) une série de dessins animés d’Idéfix prévue sur France Télévisions dès septembre.