Crash«Il a dû faire du rase-mottes»
Un ancien municipal vaudois, J.-L. C., était aux commandes de l'ULM qui a percuté Le Moléson dimanche matin. Son instructeur français témoigne et s'interroge.
- par
- Evelyne Emeri

Seulement quatre jours après cette ouverture de l'espace aérien à ces drôles de machines, un pilote chevronné se tue dans le canton de Fribourg, en heurtant Le Moléson, aux commandes de son ULM pendulaire (voilure rigide et chariot motorisé).
Plus de trente ans que les adeptes des avions ultralégers motorisés (ULM) attendent pour fendre légalement le ciel helvétique. Et volaient, jusqu'ici, en France voisine. Mercredi dernier, la nouvelle ordonnance est entrée en vigueur et admet ces «tondeuses à gazons volantes», devenues plus sécurisées et plus performantes.
Comble de l'ironie: seulement quatre jours après cette ouverture de l'espace aérien à ces drôles de machines, un pilote chevronné se tue dans le canton de Fribourg, en heurtant Le Moléson, aux commandes de son ULM pendulaire (voilure rigide et chariot motorisé).
J.-L. C., 62 ans, est un ancien élu du Gros-de-Vaud. Ancien chef d'exploitation chez Holcim, à La Sarraz, il a été municipal à Peney-le-Jorat jusqu'en 2011 au moment où cinq communes fusionnent et deviennent Jorat-Menthue.
Il volait avec la Rolls des ULM
«Je l'ai formé. Je suis très affecté. Je le connais depuis plus de dix ans, il était tellement sérieux et très réfléchi. Je l'appréciais beaucoup pour sa discrétion et son écoute. Je pense à sa famille et à ses enfants, raconte, effondré, son instructeur, Yves Déjardin. «C'était un grand sportif, course d'orientation, ski de fond, course à pied… Il venait de prendre sa retraite et de s'offrir ce qui se fait de mieux actuellement sur le marché en matière d'ULM: un Combo 912 S Diva, la Rolls-Royce des ULM pendulaires. Ces nouvelles machines ont même des parachutes.»
L'émotion maîtrisée, le responsable de la base ULM d'Arc-sous-Cicon (F), située à 20 km de Pontarlier, émet une hypothèse d'expert sur les causes de ce crash: «Dimanche matin, nous étions dans une situation préorageuse. C'est pour cela qu'il voulait partir si tôt, vers 7h. Les coups de vent rabattants étaient donc attendus et, là, la règle est absolue. Il ne faut pas s'approcher des reliefs et des crêtes.»
«Je ne crois pas à la panne de moteur, sinon il serait parti en vol plané. Pour moi, il a fait du rase-mottes et il a tapé la crête de la montagne. On peut facilement voler à 130 km/h avec ce type d'ULM. Ou alors, il a fait un malaise, je sais qu'il avait eu quelques soucis cardiaques ces derniers temps. Il ne prenait du reste plus personne avec lui.»
Mort sur le coup
Le pilote et son engin se sont écrasés sur la face est du Moléson. Aucune chance pour le Vaudois de s'en sortir. Dépêchés immédiatement sur place, les secouristes n'ont pu que constater son décès. Après avoir percuté la montagne, la carcasse a glissé en contrebas sur une centaine de mètres. Les débris de la carlingue ont été récupérés par les enquêteurs et un hélicoptère les a transportés dans un lieu protégé. L'épave va y être analysée par les enquêteurs pour écarter, ou pas, un problème technique.