Affaire Claudio: Il a porté plainte contre la police de Lausanne

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Affaire ClaudioIl a porté plainte contre la police de Lausanne

Pris pour un dealer par des agents lausannois, le Cap-Verdien a déposé une plainte pénale contre inconnus. Plusieurs conseillers communaux questionneront la Municipalité ce soir.

Evelyne Emeri
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Evelyne Emeri
L'affaire Claudio échauffe les esprits. De l'opinion publique en passant par les politiques et la justice.

L'affaire Claudio échauffe les esprits. De l'opinion publique en passant par les politiques et la justice.

Yvain Genevay

Deux semaines, jour pour jour, après avoir été interpellé – à tort – par la police municipale de Lausanne et passé à tabac, Claudio a écrit au Ministère public central vaudois, à Renens (VD). Plus précisément à la division des Affaires spéciales, là où les procureurs traitent des dossiers sensibles, notamment ceux pouvant pointer du doigt les forces de l'ordre. Sa plainte pénale contre inconnus relate par le menu son arrestation musclée du vendredi 28 octobre au soir devant le Restaurant chinois Chez Xu, à la rue du Tunnel. Egalement détaillés par le plaignant de 31 ans, les coups de pied dans ses parties et ses côtes ainsi que les blessures infligées avec une matraque télescopique sur ses deux tibias par l'un des quatre – ou cinq – policiers impliqués dans cette baston. Des plaies ouvertes jusqu'à l'os à la jambe gauche.

Abus d'autorité

L'électricien cap-verdien est toujours en arrêt de travail. Il a pu enlever les points de suture et cesser les antibiotiques préventifs à un foyer infectieux. Le trentenaire a fait appel à Me Aline Bonard, une avocate de la place, qui a lutté 6 ans et demi pour faire condamner deux agents de police secours. En 2006, ces derniers avaient emmené un Erythréen mineur, certes turbulent, en balade punitive dans les bois de Sauvabelin, l'avaient sprayé et abandonné sur les hauts de la ville. La femme de loi est donc rompue à l'exercice.

Dans l'affaire Claudio, elle estime que les qualifications de lésions corporelles, d'abus d'autorité et de dommages à la propriété doivent être retenues. Me Bonard requiert en outre auprès du parquet la mise à disposition du planning des policiers d'astreinte le soir des faits, le Journal des événements de police (JEP), les vidéosurveillances et/ou tout autre matériel susceptible de donner des réponses. Elle demande également l'audition des cinq amis, attablés dans l'établissement public au moment du passage à tabac de Claudio, qui appuient ses dires et tendent à attester la bavure policière.

Sur le plan politique, depuis la parution de l'histoire du Cap-Verdien dans «Le Matin», des conseillers communaux de différentes sensibilités ont réagi. Ce soir, Louis Dana (PS) a prévu de questionner l'exécutif lausannois dans le cadre du Conseil communal. Une autre élue, Anna Zangger (Les Verts), fera de même. Tandis que Gaëlle Lapique (Les Verts) déposera une interpellation intitulée «Délit de faciès: comment la police fait face?» En plus des trois politiciens précités, le document sera contresigné par deux membres d'Ensemble à gauche (POP – SolidaritéS – indépendant·e·s): Hadrien Buclin et Pierre Conscience.

Un formulaire pour dénoncer

Cette dernière formation politique diffuse aujourd'hui même un communiqué engageant les victimes d'actes similaires à remplir un formulaire dénonçant les contrôles au faciès, le profilage racial et les mauvaises pratiques policières.

Recontactée hier, la police municipale de Lausanne campe sur sa position: Claudio aurait refusé un contrôle d'identité et se serait montré agressif et oppositionnel. Une procédure a du reste été ouverte par les forces de l'ordre à son encontre pour violences contre fonctionnaires.

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