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ProcèsIl avait égorgé la mère de ses filles

Le Tunisien accusé d'avoir tué son épouse en 2010 à Fribourg passe devant ses juges ce matin.

Laurent Grabet
par
Laurent Grabet
Le procès de Fatmi* s'ouvre aujourd'hui; le Tunisien avait tué de plusieurs coups de couteau son épouse, Rachida*, en avril 2010 dans cet immeuble.

Le procès de Fatmi* s'ouvre aujourd'hui; le Tunisien avait tué de plusieurs coups de couteau son épouse, Rachida*, en avril 2010 dans cet immeuble.

Charly Rappo/arkive.ch

«Le drame», c'est le mot qu'utilise Fatmi* pour parler de cet après-midi du 5 avril 2010 où il s'est acharné à coups de couteau sur sa femme, Rachida*, dans leur appartement du quartier du Schönberg, à Fribourg. Cet homme de 46 ans, qui fut un temps comptable à l'ambassade de Tunisie à Berne, est jugé mardi matin, premier avril 2014, pour cet assassinat ultraviolent par le Tribunal pénal de la Sarine.

Ses deux filles, âgées aujourd'hui de 12 et 15 ans – et qui continuent à venir le voir en prison – ne quitteront pas le foyer où elles vivent désormais, pour y assister. Et ce, «même si ce procès constitue une étape importante pour elles ainsi que pour la mère, les trois sœurs et les deux frères de la disparue», explique leur avocate, Sandra Wohlhauser. Ces derniers ne feront pas le voyage depuis la Tunisie, faute de moyens d'abord mais surtout «pour éviter d'être confrontés aux détails sordides des derniers moments de Rachida», précise Me Wohlhauser.

Violences abominables

On les comprend! Car la lecture de l'acte d'accusation donne, à elle seule, la nausée. Ce jour-là comme souvent, Fatmi avait bu. L'homme, souffrant de dépression, en voulait à sa femme de l'avoir quitté, plusieurs semaines auparavant, suite à des violences conjugales répétées. Il lui avait alors attaché les mains dans le dos, un pied au lit et l'avait bâillonneé avant de laisser libre cours à sa violence. La malheureuse avait été longuement frappée puis poignardée à quinze reprises dans le dos et à la nuque. Fatmi avait également tiré à bout portant sur son visage avec son pistolet softair avant de l'égorger. Comble de l'horreur: à ce moment-là, les fillettes du couple jouaient aux alentours de l'immeuble et elles ont ensuite passé la nuit avec leur père dans l'appartement où se trouvait toujours le cadavre.

Surprenante amnésie

Les conclusions des deux experts psychiatres mandatés pour examiner Fatmi divergent légèrement quant à sa pleine responsabilité au moment des faits. «Tous deux soulignent néanmoins qu'il souffre de troubles de la personnalité», relève Marc Bugnon, procureur en charge du dossier. Lequel a été frappé par la «froideur affective d'un prévenu parlant des faits comme s'il n'y avait pas participé lui-même». Mais ces troubles narcissiques ne font pas pour autant de l'accusé un malade mental au sens de la loi. Conséquence: Fatmi devrait échapper à une mesure d'internement. Pour assassinat, il risque néanmoins «la prison à vie». A savoir qu'il sera libre après douze à quinze ans s'il se comporte bien.

«Mon client est encore sous le choc de ce qu'il a fait et souhaite lui-même trouver une explication à ce qui s'est passé», souligne de son côté Me Marc Baur, avocat de Fatmi. En effet, après avoir dans un premier temps avoué ses actes en détail devant les enquêteurs, le Tunisien s'était ensuite dit victime de trous de mémoire. Le Tribunal devrait la lui rafraîchir.

*prénoms d'emprunt

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