Publié

PortraitIl danse avec les requins

Passionné de photo sous-marine, Michel Lonfat se frottera de près au grand blanc, l'an prochain. Rencontre avec un Valaisan qui n'a pas froid aux yeux.

Raphaël Pomey
par
Raphaël Pomey

Pour la plupart d'entre nous, les vacances idéales consistent à se vautrer sur une chaise longue, sur une plage de sable fin, en buvant du thé froid et plus si affinités. Pas pour Michel Lonfat. Passionné de plongée depuis deux décennies et photographe subaquatique depuis 2003, cet intrépide Saviésan ira titiller le requin-marteau en janvier aux Bahamas, puis le mythique requin blanc en septembre au Mexique.

L'objectif suprême? Se faire prendre en photo aux côtés de ce dernier, nageant librement hors de la cage: «J'aime ces moments où on est dans l'élément du requin, où c'est lui le maître. On se sent tout petit», explique sans détour ce quadragénaire, qui a aussi plongé en compagnie de crocodiles de près de 4 mètres, l'an dernier à la frontière entre l'Egypte et le Soudan.

Un choix de vie

Mais ces voyages ont un prix. Employé de l'Etat du Valais, Michel ne cache d'ailleurs pas qu'il «travaille pour se les payer», même s'il insiste sur le respect qu'il a pour sa fonction. Autre désavantage d'une passion si dévorante: elle se marie difficilement avec une vie de famille classique. «Pour pouvoir en profiter pleinement, nous avons décidé de ne pas avoir d'enfants, avec ma femme, Caroline.» Passionnée de plongée elle aussi, Caroline n'est d'ailleurs pas insensible non plus au charme des requins, n'hésitant pas à aller à leur contact dernièrement aux Bahamas. En revanche, pas question pour elle de plonger en compagnie de crocodiles colossaux.

Michel ne craint-il pas de finir un jour dans la gueule d'un prédateur? Conscient du risque, il tient cependant à tordre le cou aux idées reçues: «Les rares attaques de requins ont lieu avec des surfeurs ou des nageurs en surface. Les squales les prennent pour des phoques ou des tortues.» Et de souligner tout le mal qu'il pense des fameuses «Dents de la mer» de Spielberg, qui ont tant ruiné la réputation de ses chouchous.

Des voyages à risque

En réalité, si Michel a déjà craint pour sa vie, c'est surtout à cause des voyages. Il évoque notamment un vol en Indonésie, dans un petit avion dont certains boutons du tableau de bord tenaient avec… des sparadraps. «Au final, les risques liés à l'homme sont plus importants que ceux imputables aux animaux.» Ce qui ne l'empêche toutefois pas de voir le positif dans certaines situations inquiétantes: «C'est triste à dire, mais le meilleur moment pour observer les crocodiles en Egypte, c'est après les attentats. Il y a moins de monde et la sécurité est renforcée.»

Reste que si le Saviésan n'a rien contre les sensations fortes, un réel amour de la nature le guide. Pour preuve, dans le garage où il stocke son matériel de plongée se trouve aussi un bac rempli de balles de golf. Le rapport? Dans certaines gouilles proches de clubs, en Valais, il a pris l'habitude de remonter toutes les balles qu'il trouvait au fond de l'eau: «Au début, je le faisais par pur souci écologique. Mais désormais je me fais aussi payer, ça me donne un coup de pouce pour les voyages.»

Ton opinion