CommerceIl fait la promo du terroir avec ses vidéos
Un jeune entrepreneur neuchâtelois vend en ligne un produit après l'autre. Son originalité: une promo signée «Capitaine Besace».
- par
- Vincent Donzé
Depuis ce matin, c'est sa semaine saucisse au marc, produite au bord du lac de Bienne. Depuis qu'il s'est mis en tête de vendre des produits du terroir sur son propre shop en ligne, Adrien Franchini (25 ans) en est à sa treizième semaine.
Avec le tricorne qui fait sa marque, acheté dans un magasin de déguisement, ce jeune loup établi à La Chaux-de-Fonds est passé de la bière locale au shampooing artisanal, de la fondue à la chaussette, en augmentant son audience grâce à des vidéos marrantes.
Vidéos de quatre à sept minutes
Son objectif est défini sur son site: «Faire connaître les producteurs régionaux à une pétée de monde grâce à la magie des réseaux sociaux.» Son personnage de pirate – Capitaine Besace – incarne sa marque de distribution. Le média neuchâtelois ArcInfo l'a repéré et l'a présenté, mais l'ambition d'Adrien Franchini dépasse largement la frontière cantonale. «Je vais inonder la Suisse romande», prévient-il, un brin fanfaron. Le marché s'est élargi grâce à des vidéos de quatre à sept minutes postées sur YouTube (8000 vues). Son client le plus éloigné vient de Carouge (GE). Son pari: vendre en ligne un produit par semaine, sans les cumuler. En ce début de mars, place donc à la saucisse au marc produite dans la région du lac de Bienne.
Filière supplémentaire
C'est un vigneron qui a conduit Adrien Franchini dans une boucherie. Une aubaine pour la patronne des lieux, Maria Fuhrer, qui voit dans Capitaine Besace une filière supplémentaire pour une saucisse saisonnière, fabriquée en quantité durant trois mois. Sur le Net, Adrien Franchini ne se gêne pas de faire le pitre. Il s'est notamment pris pour un certain Darius Rochedouche, quand bien même la fabrication de la saucisse au marc a fourni, à elle seule, des images pittoresques qui se passaient de commentaires… «La vidéo tournée chez le producteur vante son savoir-faire, mais sans prise de tête», précise-t-il. Ses deux «mamelles» revendiquées sont l'authenticité et l'improvisation. Avec son physique imposant – l'homme est capitaine de l'équipe chaux-de-fonnière de rugby, ce jeune entrepreneur sait parler… et séduire. «Tchô-bye-bonne!» aime-t-il à répéter, fort d'un slogan qu'il emprunte volontiers au monde du ballon ovale.
Aucun salaire
En deux mois, Adrien Franchini a à peine amorti ses déplacements. «Aucun salaire horaire n'a été dégagé», confesse-t-il. Après sa sœur et son beau-frère, c'est son concepteur multimédia, Benjamin Floch, qui s'est mué en cameraman lors du tournage à Douanne (BE). En parfait autodidacte qu'il est, le commerçant monte ses propres clips, progression linéaire à la clé.
Les acheteurs peuvent se faire livrer la commande, mais Adrien Franchini dispose aussi de deux dépôts: le salon de coiffure de sa maman à La Chaux-de-Fonds et un magasin d'alimentation en vrac à Neuchâtel. Sa marge, il la prend sur des produits obtenus à prix cassés.
Tutoiement facile
Automaticien de formation, l'entrepreneur a d'abord travaillé sur les chantiers avant de se lancer dans l'e-commerce. «En produisant des vidéos, je retrouve le contact social que j'aime tant, moi qui ai le tutoiement facile. Je rigole tout le temps!»
Remarquez qu'à Douanne le tournage a failli mal tourner lorsqu'il a vanté une saucisse «neuchâteloise». Maria, la bouchère bernoise, l'a cependant vite remis sur le droit chemin…