Italie«Il faut améliorer le pacte de stabilité de l'UE»
Alors que le nouveau gouvernement italien a été formé, le premier ministre Giuseppe Conte a tenu un discours pour s'assurer du soutien des députés.
Au même moment, devant le parlement, plusieurs centaines de militants d'extrême-droite manifestaient bruyamment.
Avant de soumettre son gouvernement à un vote de confiance, le Premier ministre italien Giuseppe Conte a promis d'engager l'Italie dans une «nouvelle ère réformatrice» pour en faire «un pays meilleur». Il a aussi réclamé un coup de pouce de l'Europe.
Dans un discours fleuve d'une heure et demi, le chef du gouvernement, reconduit à son poste à la tête d'une nouvelle majorité entre le Mouvement 5 Etoiles (anti-système) et le Parti démocrate (centre-gauche), a présenté lundi un «projet politique de grande ampleur» dont la mise en oeuvre devra s'étaler sur la législature censée durer jusqu'en 2023.
Le changement, à ses yeux, résidera notamment dans la modération des tons, et il a appelé la classe politique mais aussi les citoyens à «plus de sobriété notamment sur les réseaux sociaux» tout en souhaitant de la part de ses ministres de la «cohésion et de la loyauté». Il faisait clairement allusion à la précédente coalition de gouvernement, unissant le M5S et la Ligue (extrême droite) de Matteo Salvini, marquée par des disputes et polémiques quotidiennes.
«Supplément d'humanité»
«Les citoyens attendent de nous une parole et une action à la hauteur de nos fonctions et aussi un supplément d'humanité», a-t-il dit, en estimant indispensable de «redonner confiance» dans les institutions.
Le programme de Giuseppe Conte, que ce dernier a qualifié de «pacte politique et social», reprend les grandes lignes d'un accord conclu entre M5S et PD. Il entend «faire renaître le pays sous le signe du développement, de l'innovation et de l'équité sociale».
L'une des premières tâches du gouvernement sera de relancer la croissance d'un pays au bord de la récession, à travers un budget pour 2020 capable d'éviter une hausse automatique de la TVA, «dans un cadre économique international incertain».
Améliorer le pacte de stabilité
Dans ce contexte, Giuseppe Conte a jugé qu'il fallait «améliorer le pacte de stabilité» de l'Union européenne, qui impose à tous les pays de l'UE un déficit sous les 3% du PIB et un endettement sous les 60%. L'Italie est dans les clous pour le déficit mais ploie sous une dette supérieure à 132% du PIB.
Des règles budgétaires trop rigides «risquent de réduire à néant les efforts importants accomplis pour relancer la croissance potentielle du pays», a argué Giuseppe Conte. Le pacte de stabilité doit à l'avenir «soutenir les investissements, dont ceux (devant permettre) un développement respectueux de l'environnement et équitable sur le plan social», a-t-il fait valoir.
Au niveau européen, il a appelé à la mise en oeuvre d'un «vrai projet commun» et proposé l'idée d'une «conférence sur l'avenir de l'Europe» afin que le continent se relance sur le plan international et redéfinisse son rôle «dans un monde en pleine transformation».
Solidarité sur l'immigration
De l'Europe, Giuseppe Conte attend également «plus de solidarité» sur l'immigration avec «des initiatives concrètes» sur un dossier que l'Italie entend désormais «gérer de façon structurelle et plus dans l'urgence».
Aux Italiens, Giuseppe Conte a promis davantage d'attention aux jeunes, notamment du sud appauvri, avec de meilleures formations, aux familles à travers une hausse des places en crèches.
Il a aussi annoncé une réduction des cotisations sociales pour les salariés, des soutiens aux PME et à l'innovation, alors que l'Italie est la deuxième puissance industrielle de la zone euro, ainsi que des aides à l'agriculture pour accroître encore la part du bio et à l'expansion des énergies renouvelables.
Elections réclamées
Pendant son discours, Giuseppe Conte a été interrompu à plusieurs reprises par des députés des Frères d'Italie et de la Ligue aux cris de «élections, élections».
Au même moment, devant le parlement, plusieurs centaines de militants de ces deux partis d'extrême-droite manifestaient bruyamment en brandissant des drapeaux italiens tandis qu'une poignée faisait le salut fasciste.
Un panneau reproduisait une photo de Giuseppe Conte en l'appelant à «lâcher son fauteuil, élections immédiates», tandis que Matteo Salvini promettait devant les manifestants «une opposition sérieuse» au nouveau gouvernement.
Après le discours de Giuseppe Conte, les députés se sont lancés dans un long débat qui terminera par un vote à partir de 19h00 avec un résultat attendu deux heures plus tard. A la chambre, le vote ne posera pas de problèmes. Cela pourrait être un peu plus compliqué mardi soir au Sénat où le gouvernement dispose d'une majorité plus étriquée.
Salvini promet une «opposition sérieuse»
Le chef de la Ligue (extrême droite) Matteo Salvini a promis de représenter «une opposition sérieuse» lundi au nouveau gouvernement de Giuseppe Conte en Italie, devant des milliers de manifestants rassemblés devant le parlement avant un vote de confiance.
«Nous ferons une opposition sérieuse, au Parlement mais aussi au milieu des gens, du nord au sud, une ville après l'autre», a assuré M. Salvini, à ses partisans mobilisés aux côtés de ceux du petit parti d'extrême-droite Frères d'Italie (FDI, post fasciste), dont certains ont fait le salut fasciste.
«Aujourd'hui, un morceau d'Italie, je pense qu'il est majoritaire dans le pays, est descendu dans la rue pour demander à voter», a-t-il ajouté à des journalistes, après avoir fait quelques selfies avec ses supporteurs.