Football: «Il faut rester dans l'instant: chaque duel, chaque contrôle»

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Football«Il faut rester dans l'instant: chaque duel, chaque contrôle»

En 2006, Christophe Moulin a gagné un barrage de promotion-relégation très attendu avec Sion (0-0, 3-0 contre Xamax). Il se souvient et livre ses recettes pour réussir avant le duel qui opposera Xamax et Aarau dès jeudi.

Mathieu Aeschmann
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Mathieu Aeschmann
Au terme de la saison 2005-2006, Christophe Moulin remporte le barrage face à Neuchâtel Xamax et gagne sa promotion en Super League.

Au terme de la saison 2005-2006, Christophe Moulin remporte le barrage face à Neuchâtel Xamax et gagne sa promotion en Super League.

Keystone

Christophe Moulin, la Suisse du football retrouve la fièvre du barrage. Vous qui en avez gagné un, comment prépare-t-on cette double confrontation?

Notre situation était peut-être un peu spéciale car on avait gagné la Coupe un mois plus tôt (6-4 tab contre YB). Du coup, nous étions retournés nous préparer au même endroit, dans un petit village du Val d'Aoste, sur un petit terrain pourri loin de l'effervescence de Sion. Quand j'y repense, ce sont des beaux souvenirs. Il régnait une atmosphère de veillée: toute l'équipe était concernée, chaque gars se donnait à fond, percutait vite. C'est génial pour un coach car on n'a pas besoin d'en faire beaucoup.

Mais rassurez-nous, vous aviez quand même activé des leviers, notamment pour gérer la pression?

Le plus important, c'est de ne pas jouer ces deux matches à l'avance. Il faut se préparer tranquillement, rester concentrer sur l'action qui arrive. Avant et pendant le match. Je crois qu'il faut juste aider le groupe à jouer le moment. Le pire serait de s'imaginer après la première manche ou à la fin des 180 minutes. Il faut vivre le duel qui s'engage et passer au suivant, se faire confiance et s'adapter. On rate un contrôle, on prend un but… très bien. On passe à la suite.

Si on vous comprend bien, cela ne sert à rien de s'imposer des «temps de passage» du genre: il faut impérativement gagner le match-aller?

Je ne crois pas. En 2006, Xamax pensait avoir fait le plus dur lorsque Bedenik arrêta un penalty d'Obradovic à la dernière minute du match-aller. Dans le vestiaire, les gars étaient abattus. Goran m'a même dit sous le coup de la déception que si on ne montait pas, il arrêterait le football. Moi je n'étais pas dans cet état d'esprit: je trouvais que 0-0 à domicile, c'était un résultat intéressant. Je leur ai dit que si on marquait à la Charrière, on serait en excellente position. Ces barrages ressemblent à des matches de Coupe d'Europe, il faut vraiment les considérer comme deux mi-temps. Bonne nouvelle pour Neuchâtel Xamax, Stéphane Henchoz connaît bien l'Europe. Il n'aura pas de mal à appréhender ce format.

Un «match de Coupe d'Europe» avec seulement trois jours d'intervalle entre les manches. Pas trop dur à gérer physiquement?

Pas du tout. S'il n'y a pas de blessure ou de coup, je ne vois aucun souci. Les gars sont préparés, ils font les soins nécessaires. Et même s'il devait y avoir un petit coup de mou, l'adrénaline se charge de tout effacer.

Et quid des enjeux économiques ? Un entraîneur a-t-il intérêt à sensibiliser son groupe sur le fait que des places de travail extra sportives sont en jeu?

Cette responsabilité concerne exclusivement le club de Super League. Le coach peut choisir d'activer ce levier. Mais cela dépend de son mode de management durant la saison. S'il mène régulièrement des discussions avec ses joueurs pour les sensibiliser au monde extérieur, cela peut être adroit. Moi je leur disais souvent qu'ils «avaient de la chance de faire ce métier». On avait en quelque sorte instauré une relation autour de ces sujets. Par contre, si vous n'échangez jamais sur autre chose que le football avec votre groupe, c'est un peu à quitte ou double de les mettre devant de telles responsabilités. C'est au coach de sentir au cas par cas.

Un dernier mot sur ce Xamax-Aarau: qui est votre favori?

Je donne un avantage assez clair à Xamax. Les Neuchâtelois ont le meilleur effectif. Ils se sont battus jusqu'au bout, sont là où ils espéraient être à Noël. Ils sont solides derrière et Nuzzolo n'a pas besoin de dix occasions pour la mettre au fond. Alors certes, Aarau sort d'un très joli printemps mais les Argoviens auront beaucoup de suspendus à l'aller. Avantage Xamax, donc. Clairement.

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