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Délinquance«Il faut rétablir l'ordre dans les rues»

Face à la hausse de la vente de cocaïne à Genève, Pierre Maudet prône un renforcement de la présence policière. Plusieurs postes devraient ouvrir leurs portes. Interview.

Didier Tischler
par
Didier Tischler
Pierre Maudet souhaite un changement du Code de procédure pénale.

Pierre Maudet souhaite un changement du Code de procédure pénale.

Yvain Genevay

La cocaïne a envahi les rues genevoises et le nombre de dealers a explosé, comme le relevait «Le Matin» le 14 avril et la Tribune de Genève samedi. Trois zones sont aujourd'hui touchées: Pâquis, Plainpalais-Jonction et les alentours de la gare. Des quartiers dont la sécurité est aussi assurée par les agents de la police municipale (APM). Non armés, ils n'ont pas les compétences pour procéder à des arrestations. Magistrat en charge de la Sécurité en Ville de Genève, Pierre Maudet admet les limites actuelles de l'action des agents et explique les perspectives pour la renforcer. «Les APM n'ont pas de compétences légales face au deal. Mais la nature même de leur activité, à savoir une présence intensive sur le terrain, peut avoir un effet dissuasif, concède-t-il. Leur présence renforcée dans les quartiers, en journée, notamment aux abords des écoles, a un effet rassurant auprès de la population. Ils renseignent parfois la police cantonale sur les activités des dealers et sur leurs modes opératoires.»

Que font concrètement vos agents?

Il faut être clair: en l'état actuel des lois, la police municipale ne peut pas intervenir directement dans la répression du deal. Nous essayons d'attaquer le problème autrement. Les Pâquis, par exemple, sont devenus un supermarché de la drogue, c'est inadmissible. Le but est de reprendre le terrain et de réinstaller l'autorité dans les rues par un nombre accru de patrouilles à pied. Ce qui a été fait à la rue de Fribourg depuis 2010 et salué par les commerçants et les habitants.

D'autres mesures sont-elles prévues?

La Ville envisage d'ouvrir un nouveau poste de police municipale dans un immeuble symbolique: le 12, rue des Alpes, qui est a été un haut lieu de deal et qui est depuis longtemps à l'abandon. Nous allons également implanter un poste aux Acacias, un quartier souvent oublié. Cela signifie aussi recruter davantage d'hommes, ce que j'ai réussi à faire avec l'engagement, cette année, de 30 nouveaux agents, soit 25% d'effectifs supplémentaires. Je lutte quotidiennement pour regagner le terrain de la sécurité de proximité pied à pied, mais en me refusant à faire des promesses irréalisables, comme de tout résoudre en 45?jours.

Plus globalement, comment peut-on éradiquer ce fléau?

Comme pour les jours-amendes, qui font davantage peur à un automobiliste mal garé qu'aux délinquants multirécidivistes, une des solutions est de modifier le Code pénal. Celui-ci ne permet plus aux policiers de mener des opérations «en sous-marin», c'est un non-sens total. Par ailleurs, il est impératif de fixer des peines plancher et de s'y tenir.

Selon vous, la police cantonale fait-elle tout juste?

Sa réorganisation va dans le bon sens, notamment avec la création de la brigade anticriminalité. Mais il faut pouvoir suivre au niveau carcéral. Et faire preuve de poigne! Plus la police sera sur le terrain et moins les dealers auront de place. Il faut arrêter de clouer les agents au poste à remplir des kilomètres de paperasses. Là aussi, le nouveau Code de procédure pénale n'a vraiment pas fait du bien. A Berne de prendre ses responsabilités!»

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