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Interview«Il ne faut pas prendre ce pays à la légère»

François Barras, ambassadeur suisse au liban est en poste à Beyrouth depuis septembre dernier. Il avait déjà été à la tête de la mission diplomatique de 2006 à 2010.

Cléa Favre
par
Cléa Favre
François Barras, ambassadeur suisse au liban.

François Barras, ambassadeur suisse au liban.

Sébastien Anex

Vous êtes-vous déjà aventuré dans la Bekaa?

Oui, je connais bien la Bekaa et je suis aussi allé visiter des camps informels de réfugiés syriens dans le sud du pays. Je m'étais d'ailleurs fait la réflexion, à cette occasion, que ce n'était pas bien compliqué de faire en sorte que tous ces enfants soient scolarisés. Mais, depuis, j'ai appris l'extrême complexité des crises et du travail humanitaires.

Le Liban est-il dangereux pour les Suisses?

Pas plus que pour les autres. Je me rappelle souvent à moi-même qu'il ne faut pas prendre ce pays à la légère. Certes, c'est un pays de convivialité et de gentillesse. Mais je me souviens de ma première mission au Liban, en 2006. Quand j'ai commencé, c'était l'été, il faisait beau, mes enfants étaient là, on allait à la plage, il y avait la Coupe du monde de football. Et trois jours après, c'était la guerre et j'ai dû évacuer 1000 Suisses.

Dans le contexte actuel délicat, quel est votre rôle?

C'est bien sûr la protection des Suisses. Il faut que nous soyons toujours prêts. Nous gardons contact avec les 1500 ressortissants présents dans le pays, via un système de SMS. Nous avons un plan précis d'évacuation en cas de besoin. Nous nous tenons aussi au courant de l'évolution de la situation sécuritaire. Ce qui est très difficile à évaluer.

Prenez-vous, vous-même, des mesures de sécurité particulières?

J'ai une voiture blindée. Sinon, je suis prudent, même si j'essaie de vivre ma vie le plus normalement possible.

Par rapport à votre premier séjour au Liban, en 2006, qu'est-ce qui a le plus changé?

Je remarque une grande lassitude devant le manque de perspectives. La population est fatiguée. Mais j'observe dans le même temps une extraordinaire résilience en particulier à travers la culture. La culture ici, c'est la résistance, c'est l'oxygène. La scène libanaise est très riche. D'autant plus qu'avec la guerre, Beyrouth est devenu le lieu culturel de la Syrie, en remplaçant Damas.

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