TennisIl y a 40 ans, John McEnroe régnait sur l'ATP
Détesté ou adulé, le fantasque Américain devenait No 1 mondial en mars 1980. Retour sur une mémorable tranche d'histoire.
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- Sport-Center

John McEnroe en 1979. Une bouille sans pareil!
Le 3 mars 1980. Cette date a marqué l'histoire du tennis. C'est en effet ce jour-là que John McEnroe accédait - pour la première fois de sa carrière - à la place de numéro un mondial, en simple. L'Américain au caractère de «cochon» et aux coups de gueule inimitables (Nick Kyrgios ne lui arrive qu'à la cheville...) était âgé précisément de 21 ans et 16 jours. Il succédait aux dinosaures qu'étaient Ilie Nastase, John Newcombe, Jimmy Connors et Bjorn Borg.
Celui qui est toujours actif dans le microcosme du tennis professionnel, en qualité de consultant TV, revient sur cette tranche d'histoire. «Je me souviens que je m'étais dit »Oh mon Dieu, il n'y a personne au-dessus de moi«, a-t-il déclaré au site officiel de l'ATP-Tour. Je ne m'attendais pas à ça quand j'ai commencé le tennis.»
L'ascension de «Junior» a été fulgurante. A l'époque, le grand public l'avait découvert lors du Grand Chelem de Wimbledon, en 1978. Il avait atteint les demi-finales du tournoi londonien en étant le matricule 270 à l'ATP et après s'être extirpé des qualifications.
«Vous avez saigné à mort»
Ce qui avait fait dire à Arthur Ashe: «Contre Connors et Borg, vous avez l'impression d'être frappé avec un marteau. Mais contre McEnroe, c'est différent. Ce mec a du style, de l'équilibre et des mains. Il coupe les gens! Il a une tonne de coups. (...) Très vite, vous avez du sang partout sur vous, même si les blessures ne sont pas profondes. Et à la fin, vous avez saigné à mort...«
John McEnroe et les effets de balles: un must! Et que dire de son service de gaucher et ses volées somptueuses. «Sur le terrain, il ne se préoccupait que de gagner le point suivant, rappelle Peter Fleming, son ami de longue date et partenaire de double. Je n'ai jamais vu un gars aussi exigeant avec lui-même.»
L'incorrigible râleur a passé 170 semaines, au total, sur le toit de l'ATP. Mais ce n'est pas la période qu'il a le plus aimée. «On peut dire que les années les plus amusantes de ma carrière ont été celles où je progressais au classement, assure-t-il avec du recul. Et ce qui m'intéressait le plus, ensuite, c'était de terminer l'année à la place du numéro un. J'ai toujours eu une vision globale du tennis. C'est un sport qui ne se joue pas sur deux ou trois tournois, mais sur une saison complète. Une question de cohérence.»
Né pour gagner
Dans la famille McEnroe, où le père John Sr était avocat et la mère Kay une puissante matriarche, la ténacité et l'efficience étaient les maîtres-mots.
«L'influence de Kay sur John a été fondamentale, témoigne Mary Carillo, une amie d'enfance du tennisman. Un jour, John m'a raconté que s'il rentrait de l'école avec une note de 98 (ndlr: sur 100) après un examen, sa mère se fâchait et lui disait: «Ils sont où les deux autres points?». Pour les trois enfants McEnroe, la barre a toujours été placée très haut.»
Blaise Craviolini