Fins de vie: «Ils s'aimaient mais souffraient trop»

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Fins de vie«Ils s'aimaient mais souffraient trop»

Un sexagénaire et sa femme de 83 ans ont été retrouvés sans vie dans leur maison des hauts d'Orsières (VS). Malade, le couple aurait choisi de se donner la mort.

Benjamin Pillard
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Benjamin Pillard
Des scellés ont été apposés sur les portes et fenêtres par la justice civile.

Des scellés ont été apposés sur les portes et fenêtres par la justice civile.

Laurent de Senarclens

Il avait une vingtaine d'années, peut-être moins. Elle, la quarantaine. Un coup de foudre rare, qui plus est dans la Suisse alémanique des années 1970. Une différence d'âge de vingt-deux ans qui n'aura pas eu raison du couple sans enfants que Markus* et Eva* auront formé pendant près de quatre décennies. Jusqu'à ce lundi.

En fin d'après-midi, la police valaisanne et un procureur de service découvraient les corps sans vie des deux époux à leur domicile de Soulalex, un hameau reculé des hauts d'Orsières, essentiellement habité par des retraités. Markus avait 61 ans, Eva 83. Malgré la présence de scellés sur les portes et fenêtres de cette modeste maison (apposés par la justice civile), le Ministère public cantonal tend déjà à exclure toute intervention d'un tiers dans les deux décès.

«Il a toujours dit que ça finirait comme ça un jour, quand elle souffrirait trop… Il l'a encore répété la semaine passée», nous confie un habitant des lieux. Les villageois décrivent un homme profondément dépressif, qui «en avait marre de la vie» et «vivait beaucoup pour son épouse malade». Très atteinte dans sa santé et sa mobilité, Eva n'aurait plus été aperçue dans les ruelles du hameau depuis son retour d'un séjour à l'hôpital, il y a deux à trois mois; recluse avec son chat. Markus, pour sa part, a été vu pour la dernière fois samedi dernier vers midi, alors qu'il relevait son courrier devant cette maison acquise il y a trente ans – initialement à titre de résidence secondaire.

«L'homme m'a dit il y a deux semaines vouloir être enterré dans son jardin», témoigne un ouvrier actif sur l'important chantier en cours le long de la ruelle jouxtant le domicile des défunts. Un proche des époux dépeint un couple qui se sera aimé jusqu'à la fin, Markus lui parlant «tous les jours» d'Eva: «Elle était comme une mère pour lui.» Pianiste à ses heures, le sexagénaire était très croyant, passionné par les religions. Né dans la campagne argovienne, l'Alémanique a longtemps vécu à Montreux (VD) avec Eva, où il montera plusieurs affaires dont un magasin d'électroménager remis dans les années 2000, avant d'officier pendant quelques années comme aide-infirmier dans un home de Bagnes (VS). Passé 55 ans, la dépression prend le dessus et contraint Markus à quitter définitivement le monde du travail.

Aucun coup de feu n'a retenti dans les rues étroites de Soulalex où les voix et les pas résonnent. Une récente décision de placement en EMS par les services sociaux aurait précipité le choix des époux de mettre fin à leurs jours. Probablement par empoisonnement.

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