DémocratieIls veulent être citoyens dès 16 ans
La Session des jeunes demande au Parlement le droit de signer et de lancer des initiatives populaires deux ans avant la majorité civile.
- par
- Cléa Favre

La semaine prochaine, le Parlement devrait se pencher sur une pétition réclamant le droit de signer et de lancer une initiative populaire dès l'âge de 16 ans. La demande a été formulée par la Session des jeunes l'an dernier. Elle est soutenue par les Verts et une partie des socialistes.
«Abaisser le droit de vote à l'âge de 16 ans ne passe jamais la rampe», explique Balthasar Glättli, conseiller national (Verts/ZH). «Par conséquent, cela me paraît un bon compromis que de délivrer une partie des droits liée aux initiatives seulement.» A ses yeux, octroyer cette prérogative aux jeunes de 16 et 17 ans permettrait une entrée progressive dans la citoyenneté.
«L'implication en politique passe par la participation. On pourrait être mieux formé à la vie démocratique à l'école par exemple, si la politique n'était pas qu'une chose purement théorique à cet âge.» Lui-même l'a constaté en se rendant dans des gymnases: avant 18 ans, les jeunes ne se sentent pas très concernés. «Ils commencent en revanche à participer au débat avec intensité quand ils sont en mesure de voter.» Balthasar Glättli balaie la question de la maturité de cette manière: «A 16 ans, on est déjà amené à prendre des décisions qui auront une importance capitale sur son parcours de vie, comme le choix de sa formation et de sa profession.»
Partis dubitatifs
Reste que ce discours ne convainc guère les autres partis, qui mettent en avant des droits politiques indivisibles. «Une correspondance entre la majorité civile et civique est nécessaire. Et cela n'aurait aucun sens de pouvoir signer un texte, mais pas de participer à la votation le concernant», rétorque Jean-Luc Addor, conseiller national (UDC/VS). «Dix-huit ans, c'est déjà très jeune, je le vois avec mes propres enfants de 17 et 20 ans. Je pense que si l'on arrive à éveiller leur curiosité pour la chose publique, c'est déjà bien.»
A gauche, tout le monde ne s'enthousiasme pas. «Je pense que dissocier initiative populaire, droit de vote et éligibilité complique les choses et n'aide pas à la prise de conscience», commente la conseillère nationale Cesla Amarelle (PS/VD). Elle rappelle par ailleurs que la moitié des votations dans le monde ont lieu en Suisse. «Par conséquent, les futurs votants ne seront pas frustrés. Ils auront maintes fois l'occasion de se prononcer.» Elle estime enfin que les jeunes de 16 ans peuvent recourir à d'autres outils pour s'exprimer sur le terrain politique, comme la manifestation.