FranceInculpé de viols, Tariq Ramadan reste en prison
Les avocats du théologien suisse Tariq Ramadan, inculpé en France pour viols, réclament la saisie de l'Inspection générale de la justice (IGJ). Mais l'islamologue est maintenu en prison.
Tariq Ramadan a été maintenu en détention provisoire mardi, conformément aux réquisitions du parquet de Paris, a-t-on appris de source judiciaire. L'islamologue suisse est mis en examen pour viol et viol sur personne vulnérable.
Cet universitaire controversé, petit-fils du fondateur égyptien des Frères musulmans Hassan el-Banna, avait été incarcéré vendredi après deux jours de garde à vue et sa mise en examen. Mais il avait demandé que le débat contradictoire avec le juge des libertés et de la détention sur son éventuel placement en détention provisoire soit différé.
Mardi, à l'issue d'une audience à huis clos, le juge des libertés et de la détention (JLD) a ainsi suivi les réquisitions du parquet de Paris. Pendant sa garde à vue, Tariq Ramadan a été confronté à l'une des deux femmes qui l'accusent de viol en France, une quadragénaire convertie à l'islam qui a maintenu ses accusations.
Cette femme marche avec une béquille depuis un accident de voiture survenu quelques mois avant les violences sexuelles qui auraient eu lieu dans une chambre d'hôtel à Lyon en 2009. Selon une source proche du dossier, cette mère de trois enfants, divorcée d'un mari lui-même salafiste, a décrit une cicatrice de l'universitaire au niveau de l'aine.
Le théologien a reconnu l'existence de cette cicatrice mais nié toute relation sexuelle avec cette femme. S'il reconnaît avoir flirté avec elle par le biais des réseaux sociaux pendant six mois, il dit ne l'avoir rencontrée que brièvement dans le hall de l'hôtel lyonnais, ajoute-t-on de même source.
Trois juges d'instruction
Selon une autre source proche du dossier, il a fait état d'une réservation pour un vol correspondant aux heures où les faits sont censés s'être produits, pièce qui a été versée au dossier pendant sa garde à vue. Il revient maintenant aux enquêteurs et aux trois juges d'instruction désignés de vérifier cette pièce.
La première femme à avoir porté plainte contre Tariq Ramadan, Henda Ayari, une ancienne salafiste, l'accuse de l'avoir agressée en marge d'un congrès de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF) en 2012. Une accusation également rejetée par l'islamologue, qui a porté plainte pour «dénonciation calomnieuse».
L'ampleur des faits a longtemps été sous-estimée, notamment leur aspect tentaculaire. C'est ce qui exlique, selon une source proche de l'enquête, la désignation de trois juges d'instruction pour le seul dossier Ramadan.
Anciennes élèves mineures
D'autres femmes ont témoigné «en France et ailleurs» de comportements similaires de Tariq Ramadan, dit-on de même source: «Des conversations sur Facebook ou par mail qui s'apparentent à du coaching personnel et religieux et qui, progressivement, dérapent.»
En Suisse, quatre des anciennes élèves de Tariq Ramadan l'ont accusé, dans La Tribune de Genèveet le journal 24 Heures, d'abus commis pour certaines quand elles étaient encore mineures. Mais elles n'ont pas porté plainte à ce jour.