Espagne: Indigne: un immigré exploité meurt déshydraté

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EspagneIndigne: un immigré exploité meurt déshydraté

Œuvrant dans des conditions abominables dans une plantation de Murcie, un travailleur de 42 ans a trouvé la mort.

par
R.M.
Eleazar Blandón avait 42 ans. Il est décédé samedi.

Eleazar Blandón avait 42 ans. Il est décédé samedi.

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Une mort tragique et indigne scandalise l’Espagne. Un ouvrier migrant œuvrant dans une plantation de Murcie devait travailler des heures sous un soleil de plomb, apparemment sans eau. Il est décédé samedi des suites d’un coup de chaleur. Les exploitants ne l’ont secouru que très tardivement et de manière inhumaine. Ce cas met en lumière les conditions de travail abominables parfois imposées aux migrants ainsi que leur vulnérabilité.

Eleazar Blandón, 42 ans, était arrivé en Espagne en octobre dernier, tandis que sa femme enceinte et ses quatre enfants étaient restés dans son pays, le Nicaragua. Il travaillait comme journalier dans une plantation de pastèques.

Selon une enquête d’«El País» Eleazar Blandón avait déjà eu un coup de chaud jeudi dernier. Samedi, il était debout depuis 5 heures du matin. Puis la température a grimpé jusqu’à 44 degrés et le travailleur s’est effondré.

Abandonné inconscient

À en croire sa sœur Ana, qui a recueilli des témoignages d’autres travailleurs, lorsque son frère sest évanoui dans le champ, la camionnette avec laquelle ils avaient été emmenés à la ferme n’était pas là. Il a fallu attendre et personne n’a appelé des secours ou une ambulance.

Lorsque la camionnette est arrivée, elle n’aurait pas emporté le quadragénaire immédiatement. Quelqu’un aurait dit qu’il fallait attendre que tout le monde ait fini de travailler avant de repartir.

Le Nicaraguayen a finalement été emmené. Et selon «El País», il a été abandonné à l’extérieur d’un centre de soin alors qu’il était inconscient. Puis la camionnette est repartie… Il est décédé peu après.

Arrivé en octobre dernier, Eleazar Blandón navait pas de papiers. Opposant au régime de Daniel Ortega, il avait fait une demande d’asile mais n’avait été convoqué que des mois plus tard pour la formaliser. Puis le rendez-vous n’est jamais arrivé car la pandémie a tout bloqué. Selon le quotidien espagnol il s’est donc retrouvé dans une zone grise: il n’était pas expulsable mais n’avait pas le droit de travailler. Il travaillait donc clandestinement et n’avait pas d’autre choix que d’accepter les conditions proposées.

«On est humiliés ici»

Ces conditions à la plantation de pastèques, selon un témoignage recueilli par le quotidien, c’était parfois du travail de 7 heures du matin à 18 heures en plein soleil. Le salaire dépendait du rendement de l’ouvrier mais tournait autour des 5 euros de l’heure. Et six euros étaient déduits pour les frais de transport en camionnette…

Quant au traitement réservé par les responsables il n’était manifestement pas plus décent. «On est humiliés ici. Ils me traitent d’âne, ils me crient dessus, ils me disent que je suis lent», s’était plaint Eleazar Blandón auprès de sa sœur lors d’un appel téléphonique.

Une interpellation

La Guardia Civil a interpellé samedi soir un Équatorien de 50 ans. Il s’agit du propriétaire de l’agence de travail temporaire qui avait engagé le défunt. Mais «El País» souligne qu’il n’est qu’un maillon de la chaîne. Le propriétaire de l’exploitation comme les responsables sur place le jour du drame n’ont pour l’instant pas été inquiétés. La Guardia Civil a seulement indiqué qu’une enquête était en cours.

Choquées par les circonstances entourant sa mort, les proches du défunt tentent désormais de rapatrier son corps au pays. Mais l’opération coûterait quelque 5000 euros. «El País» note cependant que la communauté nicaraguayenne est mobilisée pour essayer de financer le rapatriement.

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