«Je ne suis pas encore gâteuse!» tonne Margherita Hack. Cette astrophysicienne, considérée dans le monde entier comme l'un des esprits les plus brillants de la communauté sc ientifique italienne, vient d'apprendre qu'elle ne pourra plus conduire. Du moins selon le médecin contacté par la première femme à avoir dirigé un observatoire astronomique en Italie et apporté une contribution décisive à l'étude de la classification spectrale de nombreux groupes d'étoiles.

Plafond fixé à 80?ans Alors qu'en Suisse les personnes de plus de 70?ans doivent passer un examen médical tous les deux ans, le plafond italien est fixé à 80?ans. L'astrophysicienne, qui soufflera ses 90 bougies le 12 juin prochain, a donc contacté un médecin autorisé à délivrer le certificat nécessaire pour le renouvellement du permis de conduire. Mais les choses ne se sont pas très bien passées au téléphone. «Je ne reçois pas les personnes qui ont plus de 85?ans», a lâché le Dr Giuseppe Caragliu avant de raccrocher.

Une décision arbitraire et surtout inconstitutionnelle pour l'astrophysicienne, qui a décidé de livrer bataille pour défendre le droit de conduire des mamies et papys italiens. «La loi n'interdit pas aux personnes âgées de plus de 85?ans de conduire. J'ai passé mon permis en 1952 et je n'ai jamais eu d'accident grave», s'énerve Margherita Hack.

Accusé par l'astrophysicienne en colère de vouloir «ghettoïser les personnes âgées», le médecin organise sa défense. «A 90?ans, on est trop vieux pour conduire même si on s'appelle Margherita Hack! Un médecin a le droit de prendre ce type de décision», explique le Dr Caragliu. Il ajoute que les deux ans accordés par la loi italienne aux plus de 80?ans sont un délai trop généreux. «J'aurais reçu Margherita Hack avec plaisir si j'avais la possibilité de renouveler son permis seulement pour un an», ponctue ce médecin.

Moyenne d'âge élevée Reste que la mésaventure de Margherita Hack a introduit en Italie un débat déjà posé dans certains pays européens après moult dérapages sur les routes: faut-il interdire aux personnes âgées de conduire? La question est particulièrement épineuse dans la Péninsule, qui sera en 2018 le pays avec la moyenne d'âge la plus élevée d'Europe. «La vieillesse n'est pas une maladie. Les personnes doivent être traitées avec respect et non pas comme de vieux objets», s'indigne le professeur Bruno Bernardini, responsable du département de réhabilitation motrice de l'hôpital Humanitas à Milan. C'est justement la thèse défendue par Margherita Hack.