IVRE AU GUIDONInterdite de vélo, mais pas de volant
Une cycliste prise de boisson n'est plus autorisée à pédaler. Le Service vaudois des véhicules n'a, en revanche, pas jugé utile de lui retirer son permis de conduire.
- par
- Benjamin Pillard
La Vaudoise de 32 ans avait été interpellée une nuit d'été lors d'un contrôle de police survenu à moins de 250 m de son domicile de Pully.
«J'ai donc le droit de conduire un véhicule, mais pas un vélo: cela n'a aucun sens ni logique!» Voici un mois que Valérie* fait les trajets en train entre son domicile de Pully (Est lausannois) et son bureau des hauts de Préverenges (à côté de Morges). Une distance de 12 km, que la Vaudoise de 32 ans parcourait jusqu'ici en pédalant, dans les deux sens et par tous les temps (soit un total de une heure et demie par jour), ne possédant pas de voiture ni de deux-roues motorisé.
Une interdiction de conduire décidée il y a un mois par le Service cantonal des véhicules (SAN), en lien avec une interpellation opérée par la police de l'Est lausannois lors d'un contrôle de routine, une douce nuit d'été. À moins de 250 m de son immeuble. «Vos phares!» lui crient les agents. «J'ai passé tout droit sachant que j'arrivais chez moi, se souvient la trentenaire. Ils m'ont suivie gyrophare allumé, et ont décidé de me faire souffler.»
Taux d'alcool: 1,8‰
Problème: les verres s'étaient multipliés entre l'apéro de fin de journée sur les rives du Léman avec les collègues de travail, et ceux avec les amis rejoints au centre-ville de Lausanne, jusque vers 2 h du matin. Le petit gabarit de la cycliste (1,59 m pour 46 kg) a contribué à son état d'ébriété qualifiée: 1,8‰. Conduite au poste en voiture, Valérie en ressort après une bonne heure. «Vous recevrez un petit courrier à la maison», lui lancent alors les policiers. Une condamnation pénale prononcée par le préfet de district en personne, ordonnant le paiement de 910 fr. (amende + frais) et la production d'un rapport médical complet certifiant l'aptitude à conduire de la Vaudoise. «Ce n'est pas normal, je n'ai pourtant mis personne en danger. Les éventuelles conséquences d'une chute à vélo auraient été pour ma pomme!» s'insurge-t-elle.
«On ne peut pas d'emblée prétendre qu'un cycliste présente un danger pour la sécurité uniquement parce qu'il a un taux d'ébriété qualifié. La loi ne le prévoit que pour les automobilistes, s'étonne le responsable du réseau Avocats de la route, Me Jacques Roulet. En revanche, il est normal que la conduite en état d'ivresse au guidon n'engendre qu'une interdiction de circuler à vélo.» Même si, légalement, rien n'empêche les administrations cantonales de prononcer en parallèle des retraits de permis de conduire à titre préventif, le temps que l'aptitude à la conduite soit vérifiée.