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UkraineIoulia Timochenko appelle l'Europe à l'aide

Les avocats de Ioulia Timochenko ont lancé en son nom un appel à l'aide devant la Cour européenne des droits de l'homme. L'ancienne première ministre d'Ukraine dénonce le caractère illégitime de sa détention.

La fille de Ioulia Timochenko, Eugenia, était présente lors d'une audience de Cour européenne des droits de l'homme (CEDH, exceptionnellement ouverte au public.

La fille de Ioulia Timochenko, Eugenia, était présente lors d'une audience de Cour européenne des droits de l'homme (CEDH, exceptionnellement ouverte au public.

AFP

Les avocats de Ioulia Timochenko ont lancé mardi en son nom un appel à l'aide devant la Cour européenne des droits de l'homme. L'ancienne première ministre d'Ukraine avait été condamnée en octobre 2011 à sept ans de prison pour abus de pouvoir.

La Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) se penchait une nouvelle fois mardi à Strasbourg sur le cas de Mme Timochenko, incarcérée dans son pays depuis août 2011.

Lors d'une audience de chambre, exceptionnellement ouverte au public, et en présence de sa fille Eugenia, les représentants du gouvernement ukrainien et ceux de Mme Timochenko ont répété leurs arguments concernant la légalité ou non de sa condamnation, ses conditions de détention et de traitement médical.

Avant une interruption de séance, trois juges de la CEDH ont posé des questions précises aux deux parties sur les conditions de détention et de traitement médical de Ioulia Timochenko.

Traitements inhumains

L'égérie de la révolution orange de 2004 est actuellement hospitalisée à Kiev en raison de douleurs récurrentes au dos. Ioulia Timochenko a dirigé le gouvernement ukrainien en 2005, puis de décembre 2007 à mars 2010, avant de prendre la tête du principal parti d'opposition.

Elle dénonce devant la juridiction du Conseil de l'Europe le caractère illégitime de sa détention provisoire et les traitements inhumains et dégradants qu'elle aurait subis en prison.

«Elle m'a demandé de vous demander de l'aide. Il n'existe pas de système judiciaire équitable en Ukraine et vous êtes les seuls à pouvoir aider Mme Timochenko», a dit aux juges Sergueï Vlasenko, l'un de ses avocats. «La seule raison de sa détention était de l'exclure de la vie politique ukrainienne et de l'empêcher de participer aux élections parlementaires du 28 octobre 2012», a-t-il ajouté.

Kiev réfute

Valentina Telychenko, autre avocate de Ioulia Timochenko, a dénoncé ses conditions de détention dans des cellules sans chauffage ni douche, éclairées 24 heures sur 24, et surveillées en permanence par des caméras. Elle aurait par ailleurs été frappée lors d'un transfert à l'hôpital.

Les autorités ukrainiennes ont réfuté en bloc l'ensemble de ces accusations, et notamment celles concernant l'absence de soins dont aurait souffert la détenue. «La requérante a refusé les examens et les traitements en raison de sa méfiance vis-à-vis des autorités étatiques», a affirmé le représentant du gouvernement Nasar Kulchitsky.

Il avait fallu une intervention de la Cour de Strasbourg en mars dernier pour que Ioulia Timochenko, qui est âgée de 51 ans, soit transférée à l'hôpital. Elle y a reçu un traitement approprié sous le contrôle de médecins allemands.

Appel mercredi

La Cour européenne rendra son arrêt d'ici plusieurs mois. Les juges de Strasbourg ont accepté de traiter en urgence la requête de l'ancienne première ministre. Mais ils ne sont pour l'instant pas saisis du caractère équitable de sa condamnation, sur laquelle un jugement en appel doit être prononcé mercredi par la Haute-cour d'Ukraine.

Une requête devant la Cour européenne des droits de l'homme ne peut en effet être introduite qu'après épuisement de toutes les voies de recours internes.

Vendetta

Ioulia Timochenko s'est vu reprocher les conditions dans lesquelles elle a signé un contrat de fourniture de gaz avec la Russie lors de son second mandat. Elle se dit victime d'une vendetta du président actuel Viktor Ianoukovitch, qui l'a battue de peu à la présidentielle en 2010.

L'opposante ukrainienne doit faire face à de nouvelles poursuites pour fraude fiscale et détournement de fonds relatives à ses activités de femme d'affaire dans les années 1990. Le procès, qui a débuté mi-avril, doit reprendre le 11 septembre après avoir été ajourné à plusieurs reprises en raison de son état de santé.

(ats)

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