Moyen-OrientIrak: Allawi renonce à former un gouvernement
Mohammed Allawi ne satisfaisait pas la rue même s'il avait promis un cabinet «historique». Il a préféré jeter l'éponge dimanche soir.
Le Premier ministre irakien désigné Mohammed Allawi a annoncé dimanche qu'il renonçait à former un gouvernement, plongeant un peu plus dans l'inconnu son pays en crise.
Après ce départ, le président de la République, Barham Saleh, a désormais 15 jours pour proposer un candidat pour former le futur gouvernement. Il va le choisir seul, sans cette fois demander l'avis des grands blocs parlementaires comme l'y obligeait la Constitution lors de la désignation de Mohammed Allawi.
Mohammed Allawi a annoncé qu'il jetait l'éponge lors d'une allocution télévisée. Avant cela, il avait dénoncé dans une lettre adressée à Barham Saleh «des parties qui ne négocient que pour leurs propres intérêts sans aucun respect pour la cause nationale».
Flou juridique
Lorsque le Premier ministre Adel Abdel Mahdi a démissionné en décembre, l'Irak a plongé dans le flou juridique. La Constitution ne prévoit aucunement la démission du Premier ministre et cela n'était jamais arrivé.
L'incapacité du candidat désigné par un consensus entre partis à obtenir la confiance du Parlement - qui par deux fois n'est pas parvenu à réunir le quorum - est également sans précédent. Il n'est donc pas clair quelle procédure sera désormais appliquée et sous quel délai.
Dimanche, pour la troisième fois en une semaine, les députés ont repoussé l'échéance du vote de confiance. Tout nouveau gouvernement est censé renouveler un système politique jugé corrompu et incompétent par des milliers d'Irakiens dans les rues depuis cinq mois.
Rue non satisfaite
Seuls 108 députés sur 329 se sont présentés à la séance extraordinaire convoquée en pleines vacances parlementaires à l'Assemblée, qui siège dans la Zone verte de Bagdad.
Mohammed Allawi, deux fois ministre ces dernières années, ne satisfaisait pas la rue même s'il avait promis un cabinet «historique», composé uniquement de ministres non partisans, choisis pour leurs compétences.
Le démissionnaire Abdel Mahdi a déjà prévenu qu'il quitterait ses fonctions quoi qu'il arrive lundi. Il ne serait, a-t-il redit dimanche, «ni juste ni adéquat» de conserver son poste au-delà de la date-butoir du 2 mars.