Proche-OrientIsraël admet des erreurs envers les juifs éthiopiens
Selon Reuven Rivlin, l'Etat israélien a commis des erreurs envers les Éthiopiens, causant une «plaie ouverte». Dimanche, les «Falashas» avaient manifesté contre la discrimination.

Le président israélien Reuven Rivlin.
L'Etat hébreu s'est employé ce lundi 4 mai à apaiser la colère des juifs israéliens d'origine éthiopienne.
Ces tentatives interviennent au lendemain des plus violentes manifestations organisées par cette communauté pour dénoncer le racisme de la police et les discriminations sociales.
Le président Reuven Rivlin a reconnu des «erreurs» de l'Etat israélien. «Nous devons être unis contre le phénomène du racisme, le dénoncer, et l'éradiquer», a déclaré le premier ministre Benjamin Netanyahu, cité dans un communiqué, à l'issue d'une rencontre de trois heures avec les représentants de la communauté éthiopienne.
enjamin Netanyahu a ajouté qu'il avait chargé une commission ministérielle de s'attaquer aux problèmes d'intégration rencontrés par les Israéliens d'origine éthiopienne. Il a notamment évoqué des difficultés dans le domaine de l'éducation, du logement et de l'emploi.
Nouvelle manifestation annoncée
Plus d'une soixantaine de policiers et de manifestants ont été blessés dimanche soir, selon un nouveau bilan policier. Quelque 10'000 personnes selon les médias, 3000 selon la police, ont participé à la manifestation.
Dix-neuf manifestants arrêtés dimanche ont été présentés lundi devant un tribunal de Tel-Aviv qui a décidé de prolonger la garde à vue de 15 d'entre eux, a indiqué une porte-parole de la police.
Le poste de police de Kyriat Gat, une localité du sud d'Israël, a été placé sous haute surveillance après l'annonce d'une nouvelle manifestation prévue lundi en fin d'après-midi.
Soldat molesté
Cette vague de colère a été déclenchée par une vidéo montrant deux policiers en train de frapper il y a une semaine à Holon, près de Tel-Aviv, un soldat d'origine éthiopienne en uniforme, sans raison apparente. Cette vidéo a causé d'autant plus d'émotion que les Israéliens d'origine éthiopienne servent ou font la guerre comme les autres.
Ce soldat, Sams Pakada, a déclaré à la radio militaire qu'il n'avait pas pu participer à la manifestation de dimanche parce qu'il porte l'uniforme. «Je suis contre les violences, mais il faut écouter la voix de notre communauté», a-t-il ajouté.
Le premier ministre a admis dimanche soir qu'il y avait «lieu d'examiner toutes les plaintes (contre la police, NDLR), mais on ne peut accepter les violences».
Le président Rivlin, sorte d'autorité morale israélienne, a estimé que les «manifestants de Jérusalem et de Tel-Aviv ont révélé une plaie ouverte et vive au coeur de la société israélienne (...) Nous avons commis des erreurs, nous n'avons pas assez ouvert les yeux et nous n'avons pas assez tendu l'oreille».
Coupés des autres juifs
La communauté juive éthiopienne regroupe 135'500 personnes, dont plus de 50'000 sont nées en Israël. Elles descendent de communautés restées coupées des autres juifs pendant des siècles, que les autorités religieuses d'Israël ont tardivement reconnues comme membres de la foi juive.
Cette décision a entraîné l'organisation de deux ponts aériens, en 1984 et 1991, et l'émigration vers Israël de 80'000 Ethiopiens, qui ont dû franchir un énorme fossé culturel pour s'intégrer difficilement dans la société israélienne.
Selon l'Association israélienne pour les juifs éthiopiens, le revenu moyen par personne est inférieur de 40% à la moyenne. Dans la prison Ofek au nord de Tel-Aviv où sont détenus les mineurs, 30% appartiennent à la communauté éthiopienne alors qu'ils ne représentent que 3% des jeunes. Plus d'un tiers des familles (38,5%) vivent sous le seuil de pauvreté contre 14,3% dans l'ensemble de la population juive, selon l'association.
«L'explosion de violence de dimanche n'est pas uniquement due aux violences policières, elle exprime aussi une colère contre les discriminations», explique Hagit Hovav, membre de l'association. Selon elle, les juifs éthiopiens «veulent être des Israéliens à part entière et jouir de l'égalité des chances».