Sa fille Camille«J'ai encore le menton qui tremble en t'écoutant»
C'est avec émotion que les deux enfants d'Henri Dès ont accepté de tremper leur plume dans la boîte à souvenirs pour évoquer leur père.
- par
- Fred Valet

A 38 ans, la fille d'Henri Dès Camille Destraz est journaliste pour différents journaux romands et s'occupe de programmation musicale à Beausobre. Un théâtre qui a été la 2e maison de papa, où trônent encore fièrement sur une affiche ses mythiques bretelles rouges des années huitante.
Cher papa,
Combien? 50 ans de carrière? Bon, quand tu avais 23 ans, c'était encore un peu chaotique tout ça… Et justement, vu le chemin que tu as parcouru, c'est encore plus beau. Il y a 34 ans – j'avais 4 ans –, il paraît que je t'avais boudé car tu étais venu chanter dans mon école et qu'il m'avait fallu partager mon papa avec plein d'autres enfants.
Je te rassure, je ne t'en veux plus! Et j'aimerais plutôt te remercier d'avoir offert à plusieurs générations toutes ces chansons magiques, drôles, émouvantes (j'ai encore souvent le menton qui tremble à l'écoute de certaines d'entre elles…), pétillantes, si justes et si bien écrites. Ouais, y en a pas deux comme toi (même si Gaëtan est aussi vachement talentueux et presque aussi beau que toi).
Mais avouons-le, pour tenir aussi longtemps dans ce métier, il faut des gens et des moments-clés. Sans qui ou sans quoi rien n'avance ou tout s'effondre. Alors, en vrac, et pour avoir aidé ton immense talent à se déployer, je remercie: ta mère, Moïsette, qui remettait toujours tes vinyles tout devant dans les bacs, tes siestes légendaires qui t'ont sûrement permis de trouver des idées brillantes, ton équipe parisienne (toujours fidèle, jamais dans le cirage de pompes), tes musiciens et arrangeurs drôlement fortiches, sans oublier Chantal Goya qui t'a laissé une jolie place sur le marché du disque pour enfants après s'être sciée toute seule au «Jeu de la vérité» dans les années 1980.
Je remercie aussi ta sœur Nicole qui t'a inspiré ta première chanson «Ma frangine», feu ta belle-maman, Denise, qui était la première à groover de la pantoufle sur tes nouveaux morceaux, ton père et ton beau-père qui n'adhéraient pas vraiment à ton choix de carrière (mais qui sait, ça t'a peut-être donné la rage de réussir?), tes enfants pour t'avoir souvent filé des idées à leur insu (oui, oui, je me remercie, soyons fous), tes petits-enfants pour continuer à t'inspirer des bijoux de chansons. Et enfin, je remercie maman, Mary-Jo, pour t'avoir soutenu de manière indéfectible depuis… combien déjà? Ah oui, 50 ans aussi!
Keep on rocking Papa!
Camille