Football«J'ai peur que tout ce que l'on a fait de bien se soit cassé»
Stéphane Henchoz encaisse mal son éviction programmée sur le banc de la Maladière. Le coach de Xamax déplore qu'on lui ait caché la vérité.
- par
- N.JR

Depuis ce week-end et l'annonce par Xamax de la non-reconduction de son contrat d'entraîneur, on sait que Stéphane Henchoz n'ira pas au-delà de la mission ponctuelle qui lui a été confiée: assurer le maintien en Super League. Quoi qu'il arrive d'ici la fin du championnat, que le club de la Maladière soit sauvé ou non, l'ancien international helvétique cédera la place à Joël Magnin, l'homme qui doit incarner le changement d'orientation prôné par Xamax. Sifflé aujourd'hui hors jeu, l'ancien défenseur de Liverpool en conçoit une amertume qu'il ne cherche pas à cacher, loin s'en faut même.
Stéphane Henchoz, comment vivez-vous l'annonce de votre mise à l'écart programmée?
Assez mal, ce n'est pas évident à vivre, surtout dans notre situation, à cette période de la saison. Cela tombe au plus mauvais moment. Quand j'ai repris l'équipe, c'était déjà assez difficile. Cela le devient encore plus, en compliquant notre tâche. Comme s'il n'y avait pas déjà assez de choses à gérer.
Quelle est votre principale crainte?
Ma crainte, c'est que le ressort soit cassé, et que l'on ne puisse plus le retendre à nouveau. Il n'y a rien de pire que l'incertitude. Or, on nage dans l'incertitude. Il n'y a qu'à considérer le nombre de joueurs qui sont en fin de contrat chez nous. J'ai été joueur, je sais ce que cela signifie... On est des êtres humains. Avec le souci que les joueurs discutent plus entre eux de ce qui est en train d'arriver que du prochain match. J'ai peur que tout ce que l'on a fait de bien et construit jusque-là se soit cassé.
On vous sent très affecté, touché moralement…
Je le suis. D'autant plus que je ne m'y attendais pas du tout. J'avais la tête dans le guidon, ne parvenant pas à me projeter plus loin que le prochain match. Je n'arrivais même pas à me dire que si je sauvais Xamax, je pourrais continuer à être son entraîneur la saison prochaine. Moi, ce qui m'importait exclusivement, c'était de maintenir le club parmi l'élite. Et là…
Qu'est-ce qui vous chagrine le plus?
J'ai la désagréable sensation que l'on ne m'a pas dit toute la vérité. Je me sens trompé. J'aurais aimé être tenu au courant de ce qui se tramait. Or, on ne m'a jamais rien dit. Quand le président m'a informé après notre défaite à Zurich que je ne serais plus le coach de Xamax la saison prochaine, j'ai été mis devant le fait accompli. Parce que dans la réalité, tout était déjà réglé depuis très longtemps. En fait, depuis le début, tout a probablement été fait sans moi.
Lors de votre nomination, n'aviez pas posé la question de votre avenir au président Binggeli?
Je n'ai rien demandé. Je me suis mis au boulot, c'est tout. Je ne gagne d'ailleurs pas un franc de plus. J'ai toujours mon même contrat d'assistant-coach, avec le même salaire à la clé. Quand j'ai remplacé Michel Decastel, je n'ai demandé aucun avenant. Je suis comme ça. Certains coaches veulent être payés avant de se mettre au travail, ce n'est pas mon cas.
Dans son communiqué, votre employeur explique avoir voulu chercher un technicien possédant un autre profil que le vôtre, avec surtout une meilleure expérience dans le domaine de la formation…
C'est sans doute ce qui m'a fait le plus mal. Prétendre que je ne sais pas travailler avec les jeunes est contraire à la réalité, quand on voit tous les joueurs que j'ai déjà formés et qui sont depuis partis ailleurs. Sans être prétentieux, je pense que j'ai fait progresser tous nos jeunes (…) Si je ne sais pas m'en occuper comme le laisse sous-entendre le club, dois-je encore continuer à les faire jouer?
Quel est l'avenir de Stéphane Henchoz?
Il n'y a pas qu'à Neuchâtel que l'on joue au football. En attendant, je veux tout faire pour maintenir l'équipe en Super League. Parce que je ne vais rien lâcher, c'est dans ma nature.
Avez-vous déjà eu un contact avec votre successeur Joël Magnin?
Non.