«Je n'ai rien d'un violent»
Ed Harris incarne «l'homme en noir» dans «Westworld», dès ce soir sur RTS Un. Il nous présente la série amenée à remplacer à terme «Game of Thrones».
- par
- Henry Arnaud

L'américain de 65 ans n'avait encore jamais eu de rôle principal dans une série.
C'est la série la plus attendue de la rentrée: «West-world», déjà annoncée comme le «Game of Thrones» de la science-fiction. Lancée hier sur HBO aux Etats-Unis, elle arrive ce soir sur RTS Un en version originale sous-titrée. Au casting, grandiose: Anthony Hopkins, Evan Rachel Wood ou encore James Marsden. Mais aussi Ed Harris, qui a reçu «Le Matin» à Beverly Hills pour nous présenter «Westworld». D'ordinaire réservé, l'acteur parle volontiers de sa nouvelle série.
Comment résumer «Westworld»? Je ne suis jamais très bon pour vendre mes films, je laisse cela aux producteurs. Mais disons qu'il faut imaginer un endroit où des humains peuvent se transporter dans un univers du Far West rempli de robots humanoïdes et où tout est permis. Les humains peuvent tuer les robots, mais les balles des robots ne sont que des projectiles presque indolores pour les humains. Je vous résume très brièvement la situation qui est en fait très complexe.
On ne connaît rien de votre personnage, même pas son nom, sauf qu'on l'appelle «l'homme en noir». Qui est-il? Il y a tellement de choses que je sais à propos de mon personnage mais que je n'ai pas le droit de vous dire. (Rires.) Jonathan Nolan et J.J. Abrams ont construit les 10 premiers épisodes de «Westworld» comme un puzzle où chaque épisode représente une nouvelle pièce pour construire une image finale.
Peut-on dire sans se tromper qu'il est un sociopathe meurtrier? Non justement. On peut le penser en voyant les deux premiers épisodes, mais il y a certains éléments de son passé qui vont choquer les téléspectateurs et montrer une autre facette de cet homme. On va apprendre qui il est en dehors de «Westworld» mais aussi un élément-clé de sa vie antérieure qui explique pourquoi il vient dans cet endroit. Cela fait 30 ans qu'il vient à Westworld et il n'était pas l'homme en noir à la gâchette facile lors de son premier séjour. Il s'est construit un personnage au fil du temps. Au début, il a exploré ce Far West où il a vite compris qu'il peut faire ce qu'il veut, comme tuer ou faire l'amour à des prostituées qui sont des robots. Tout ce que la morale ou la société lui interdit de faire, il peut se le permettre dans son univers de western.
Est-ce que «Westworld» ne fait pas encore une fois l'apologie de la violence, particulièrement envers les femmes? Ça n'est pas à moi d'émettre un jugement. C'est une série qui mélange les genres entre western et science-fiction. Quand mon personnage réalise qu'il est doué avec une arme et un bon chasseur de proies, il retourne dans ce parc comme d'autres monteraient dans un manège pour s'éclater et se défouler. Il assume pleinement son rôle, son besoin de sang, mais il n'est pas un sociopathe car il ne tue pas au hasard. Durant la saison 1, on va mieux comprendre son raisonnement.
Peut-on dire que la série est le remake du film de 1973 avec Yul Brunner? Pas du tout. La série est inspirée du film de Michael Crichton «Mondwest», mais J.J. Abrams a totalement réinventé l'intrigue avec Jonathan Nolan et Lisa Joy, nos auteurs et producteurs. Contrairement au film, notre série se place davantage du point de vue des humanoïdes et pose des questions sur l'intelligence artificielle. Les 10 épisodes de la saison initiale vont planter le décor et donner des clés pour comprendre la mythologie. Mais il y a bien d'autres découvertes pour les saisons suivantes si les téléspectateurs le sollicitent.
Pensez-vous que «Westworld» deviendra une réalité prochainement? Tout ce que Michael Crichton a imaginé comme étant de la science-fiction il y a une quarantaine d'années est sur le point d'être une réalité. Les applications dans la robotique comme l'informatique ont fait de tels progrès qu'il suffit de relire ses écrits des années 1970 pour être stupéfié.
Etes-vous un féru de technologie? Je sais me servir d'un ordinateur et d'un téléphone portable, mais c'est ma fille que j'appelle au secours dès que j'ai une panne. (Rires.) L'informatique au service des humains, très bien… Mais ne comptez pas sur moi pour devenir un esclave des réseaux sociaux. Je préfère travailler dans mon jardin ou construire quelque chose de mes mains dans mon garage.
Vous semblez apprécier les personnages sombres, silencieux voire violents. Pourquoi? C'est surtout ce que l'on me propose, pour vous dire la vérité. Le côté silencieux me correspond. Je préfère garder le silence que d'être un moulin à paroles. Mais je n'ai rien d'un violent, bien au contraire. Je pratique le yoga pour m'aider à garder la forme tout en méditant. C'est bon pour éviter le stress!
La distribution de «Westworld» est impressionnante. Vous êtes-vous tous engagés pour de multiples saisons? Je saurai me rendre disponible si l'on a besoin de moi.