Corée du Sud: «Je suis convaincue que la vérité triomphera»

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Corée du Sud«Je suis convaincue que la vérité triomphera»

L'ex-présidente Park Geun-Hye a pris congé de ses partisans et quitté le palais présidentiel. Elle risque des poursuites judiciaires.

Une élection présidentielle doit être organisée pour remplacer Park Geun-Hye, définitivement limogée.

Une élection présidentielle doit être organisée pour remplacer Park Geun-Hye, définitivement limogée.

L'ex-présidente sud-coréenne Park Geun-Hye a quitté le palais présidentiel dimanche, deux jours après avoir été destituée pour un scandale de corruption. Elle a présenté ses excuses pour n'avoir pas mené à terme son mandat et assuré que «la vérité éclatera un jour».

Mme Park a quitté la Maison bleue peu avant 18h00 (10h00 suisses) et a pris le chemin de sa résidence personnelle à Séoul, dans le quartier de Gangnam. Des centaines de ses partisans l'attendaient devant sa maison, où son convoi est arrivé une demi-heure plus tard environ.

«Je suis désolée de ne pas avoir pu aller au terme du mandat de présidente qui m'avait été confié», a-t-elle fait savoir par l'intermédiaire d'un porte-parole. «Cela prendra du temps, mais je suis convaincue que la vérité triomphera», a-t-elle ajouté.

Destitution confirmée vendredi

Il s'agissait de sa première déclaration publique depuis que la Cour constitutionnelle a confirmé vendredi la destitution de Mme Park, votée en décembre par l'Assemblée nationale.

Les juges ont estimé à l'unanimité que la présidente avait enfreint la loi en permettant à sa confidente secrète, Choi Soon-Sil, de se mêler des affaires de l'Etat et qu'elle avait contrevenu aux règles de la fonction publique.

Première présidente démocratiquement élue à être destituée, Mme Park était depuis cloîtrée dans la Maison bleue, alors que des employés effectuaient des travaux dans sa résidence privée et la nettoyaient.

La confirmation de sa destitution la prive de tous ses pouvoirs et privilèges, sauf en matière de sécurité. La perte de son immunité l'expose à d'éventuelles poursuites judiciaires. Elle pourrait faire l'objet d'accusations de corruption, d'extorsion de fonds et d'abus de pouvoir en lien avec l'affaire de trafic d'influence entourant Choi Soon-sil, qui a elle aussi démenti tout abus.

Manifestations meurtrières

Des dizaines de milliers de personnes avaient manifesté samedi à Séoul pour réclamer son arrestation, d'autres protestant contre son limogeage. Quelque 800 policiers ont été mobilisés dimanche pour éviter de nouvelles violences, après ces manifestations qui ont fait trois morts lors d'échauffourées avec les forces de l'ordre.

Une élection présidentielle doit être organisée dans les 60 jours suivant la décision de la cour. Des médias locaux ont avancé le 9 mai comme date la plus probable pour le scrutin.

Entrer dans une «nouvelle histoire»

Plus tôt dans la journée, le libéral Moon Jae-In a lancé un appel à l'unité pour faire entrer son pays dans une «nouvelle histoire». «Nous avons encore un long chemin à parcourir. Nous devons faire de ce pays un pays de justice, de bon sens, à travers un changement de régime», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.

«Si le pouvoir des bougies nous a conduits si loin, nous devons maintenant travailler ensemble pour une victoire totale», a ajouté M. Moon. Il faisait référence aux manifestations hebdomadaires ces derniers mois au cours desquelles les participants munis de bougies appelaient au limogeage de Mem Park.

M. Moon est le grand favori des sondages pour l'élection présidentielle, avec le soutien de 36% des électeurs dans de récentes enquêtes d'opinion. Le candidat libéral est favorable à une politique de dialogue avec le régime de Pyongyang.

La crise politique inédite en Corée du Sud survient dans un contexte de grande tension avec le voisin du Nord. A la suite d'un nouvel essai de missiles balistiques, en début de semaine, les Etats-Unis, garants de la sécurité du Sud, ont décidé d'accélérer le déploiement de leur système de défense antimissile THAAD.

Ce «bouclier» antimissile est décrié par la Chine, allié du régime de Pyongyang, qui redoute que le puissant radar qu'il comporte ne compromette sa sécurité.

(ats)

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