Football«Je vois mal comment l’on pourrait retenir Petkovic»
Le départ programmé du sélectionneur de la Nati pour Bordeaux n’étonne pas vraiment Jean-François Collet. Le propriétaire de Xamax en parle avec Stéphane Grichting, lui-même surpris du point de chute.

- par
- Nicolas Jacquier

L’avenir de Vladimir Petkovic dépend en grande partie de Pierluigi Tami, le directeur de l’équipe nationale, que l’on voit ici au second plan.
Un coach national qui se sait courtisé et qui veut partir, une Fédération qui a entrouvert la porte au départ de celui qui lui a fait vivre l’une de ses plus belles pages… À défaut d’être acté, le départ de Vladimir Petkovic du banc de l’équipe de Suisse (où il est sous contrat jusqu’en décembre 2022) n’est qu’une question de jours voire d’heures.
En l’état, on ne sait rien de l’avancée des négociations entre l’ASF et les nouveaux dirigeants des Girondins de Bordeaux, désireux de débaucher le sélectionneur helvétique. Un terrain, notamment financier, sera-t-il rapidement trouvé ou les discussions entamées dimanche buteront-elles sur le montant du dédommagement?
Ce qui est déjà certain, c’est que la volonté de «Petko» de rendre son tablier apparaît compréhensible. «Je ne suis qu’à moitié surpris, reconnaît d’ailleurs Jean-François Collet. Petkovic a réalisé un magnifique travail. Je peux bien m’imaginer qu’il a suscité de l’intérêt ailleurs…»
«Si la proposition de Bordeaux est acceptable, si ses dirigeants sont corrects, on devrait facilement trouver un chemin»
Le propriétaire de Xamax voit mal l’ASF s’opposer à son désir de changement d’air. «Si la proposition de Bordeaux est acceptable, si ses dirigeants sont corrects, on devrait facilement trouver un chemin. Vladimir Petkovic a certes un contrat mais au vu de ses états de service, je vois mal comment l’on pourrait le retenir…»
À 57 ans, le Tessinois a probablement estimé au retour de l’Euro qu’il avait fait son temps (7 ans et 78 matches) sur le banc de la Nati et qu’en brisant le plafond de verre des huitièmes de finale cet été contre la France à Bucarest, il ne pourrait peut-être jamais réitérer un tel exploit.
«Quand on est sélectionneur, le rythme est différent, très saccadé. Il manque l’adrénaline du quotidien et le match du week-end»
À ce constat purement sportif s’est ajouté son désir de retrouver le terrain au quotidien. «Quand on est sélectionneur, observe Stéphane Grichting, le rythme est différent, très saccadé. Il manque l’adrénaline du quotidien et le match du week-end. On comprend que certains entraîneurs aient juste envie d’entraîner à nouveau. Après sept ans passés sur le banc helvétique, Petkovic a sans doute aussi compris qu’il ne pourrait faire beaucoup mieux que ce qu’il a déjà réalisé cet été durant l’Euro.»
L’ancien international helvétique est davantage surpris par la destination, Bordeaux n’ayant rien d’un grand club européen ou d’une adresse prestigieuse. «Il s’apprête à débarquer dans un club qui était proche du dépôt de bilan il y a deux mois, qui a pas mal souffert ces dernières années et qui vient d’être repris par quelqu’un (ndlr: Gérard Lopez) qui ne possède pas spécialement une bonne réputation.»
Dans ces conditions, «Petko» a-t-il reçu des garanties? «Je l’espère, répond le Valaisan. Ça va être un challenge excitant pour lui. Mais Bordeaux reste un club qui peut vite basculer dans le rouge et l’instabilité…»
Alors fumée blanche? Fumée noire? La Suisse sportive retient son souffle pour un faux suspense. Car dès lors que son sélectionneur a choisi de partir…