CoopérationKerry au Kenya pour discuter de la lutte contre les shebab
Le secrétaire d'Etat américain est à Nairobi pour coopérer avec le Kenya contre les shebab.

John Kerry est arrivé au Kenya dimanche.
Après des années de brouille entre les deux pays, le secrétaire d'Etat américain John Kerry est arrivé dimanche 3 mai au Kenya, avant la prochaine visite de Barack Obama sur la terre natale de son père. Au menu des discussions, la coopération contre les shebab.
Ces voyages des plus hauts responsables américains à Nairobi - le dernier remonte à celui de la secrétaire d'Etat de l'époque Hillary Clinton en 2012 - furent longtemps impensables. En cause, l'inculpation qui visait le président kényan Uhuru Kenyatta devant la Cour pénale internationale (CPI).
Ces poursuites pour crimes contre l'humanité pour le rôle présumé du dirigeant dans les violences post-électorales qui ont déchiré ce pays d'Afrique de l'Est fin 2007-début 2008 ont finalement été abandonnées en décembre dernier par la procureure de la CPI, faute de preuves. Elle avait alors dénoncé de «vastes initiatives concertées pour harceler, intimider et menacer» les témoins.
«Nous avons une relation avec le Kenya depuis plus de 50 ans», a fait valoir un diplomate américain auprès de journalistes voyageant avec John Kerry. «Il ne s'agit donc pas dans ce voyage de faire amende honorable. Il s'agit de renforcer et d'approfondir la relation que nous avons avec le Kenya et de préparer aussi le voyage du président Obama», a-t-il défendu.
Plaies chaudes de Garissa
John Kerry, qui est venu du Sri Lanka, doit rester jusqu'à mardi au Kenya et rencontrer notamment le président Kenyatta. La lutte contre les insurgés islamistes shebab somaliens, affiliés à Al-Qaïda, figurera au menu des discussions.
«Nous regardons comment nous pouvons apporter un soutien supplémentaire aux efforts du Kenya pour combattre les shebab», a expliqué le diplomate américain.
Le Kenya reste traumatisé par l'attaque de l'université de Garissa (nord-est), qui a fait début avril 148 morts, dont 142 étudiants. Cette opération commando revendiquée par les shebab a aussi suscité l'indignation internationale. Il s'agissait de la pire attaque sur sol kényan revendiquée par les insurgés, que l'armée kényane combat en Somalie voisine dans le cadre d'une force militaire africaine.
«Nous estimons que les Kényans font de leur mieux; combattre le terrorisme est difficile et en particulier dans la région. Le Kenya a été victime de multiples attaques et celle de Garissa a montré la portée de l'impact des shebab sur des civils innocents», a expliqué le diplomate.
Négligence criminelle
Les failles du système sécuritaire kényan sont régulièrement dénoncées, par la presse notamment. Après l'attaque de l'université, le ministère kényan de l'Intérieur a d'ailleurs dû reconnaître que des mises en garde des services de renseignements avaient été ignorées. Neuf responsables des services de sécurité de Garissa ont été suspendus et pourraient être inculpés de négligence criminelle.
John Kerry devrait également aborder la question des droits de l'Homme avec ses interlocuteurs, alors que des organisations de la société civile fustigent régulièrement des abus commis au nom de la lutte contre le «terrorisme». Il doit rencontrer des responsables de l'opposition et des militants de la société civile.
Un voyage en juillet
Né d'une mère américaine et d'un père kényan, Barack Obama effectuera fin juillet son premier déplacement au Kenya en tant que président. Il s'agira de son quatrième voyage en Afrique subsaharienne depuis son arrivée à la Maison Blanche il y a plus de six ans.
A Nairobi, il participera au «Sommet mondial de l'entrepreneuriat» qui rassemblera plus de 1000 créateurs d'entreprises venus d'Afrique et d'ailleurs afin de mettre l'accent sur l'innovation sur le continent. Les Etats-Unis ne pointent qu'à la troisième place au tableau des échanges commerciaux avec l'Afrique, loin derrière l'Union européenne et la Chine.