Musique: Kimka: «Le chant m'a sauvé la vie»

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MusiqueKimka: «Le chant m'a sauvé la vie»

La Vaudoise atteinte d'une maladie génétique rare a sorti un 2e album. Et chante le 3 juin pour Orianne Collins. Rencontre.

Trinidad Barleycorn
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Trinidad Barleycorn

Elle a chanté avec Kareen Anton, Fanny Leeb et Michael Jones, côtoyé Johnny Hallyday, Muriel Robin, Maurane, Luc Plamondon ou encore Alain Delon. Le 3 juin, elle se produira à Lausanne, au gala de Little Dreams, la fondation pour jeunes artistes d'Orianne et Phil Collins, qui l'avait prise sous son aile à l'adolescence. Rien ne semble impossible pour Kimka, alias Kim Knebel, 29 ans. Rien. Au point d'avoir réalisé son rêve d'enfant: faire carrière dans la musique, malgré l'amyotrophie spinale infantile qui a atrophié ses muscles et ne lui a laissé que 8% de capacité pulmonaire.

Sur la scène de Bercy

Consécration en 2014: Franco Knie, qui la soutient depuis des années, lui a remis un Disque d'or. «Je chante car j'ai envie de partager ma bonne humeur avec les gens, de les rendre plus heureux. Tout le monde a un handicap», confie la jeune femme, avec ce sourire lumineux qui ne la quittera pas de toute notre rencontre. Quand Kimka interprète pour nous un extrait de son deuxième album, «Quelques notes de musique», dans la maison familiale à La Conversion (VD), couchée «pour mieux respirer», sa voix touche au cœur. Puissante, juste. Et emplie d'émotion. Ses textes, Kim les écrit sur son ordinateur au moyen d'une souris spéciale qu'elle dirige avec ses lèvres et d'un bouton sur lequel elle clique avec un pouce. Elle n'est pas paralysée, mais les mouvements sont difficiles. Ses mélodies, elle les enregistre sur son smartphone. Avant de peaufiner le tout en studio. «J'ai commencé à chanter à l'école à 5 ans, détaille Kimka. Puis j'ai fait 12 ans de cours de chant à domicile avec des profs du Conservatoire et de l'EJMA. J'ai appris les techniques de respiration du ventre qui ont renforcé ma musculature au niveau des poumons, maintenu ma capacité pulmonaire et appris à gérer mon souffle. C'est grâce au chant que je suis en vie.» Ces techniques, Kim Knebel les enseigne aujourd'hui. Mais si sa maladie est désormais stabilisée, elle reste extrêmement fragile des poumons. En avril, à cause d'une laryngite, elle avait dû être rapatriée en ambulance après avoir chanté à Paris, sur la scène de Bercy avec «No Difference». Marraine de cette association qui se bat pour l'intégration des personnes handicapées au moyen du sport et de l'art, elle s'y investit pleinement. «Sur chaque disque vendu, je leur reverse aussi 5 francs. Et je soutiens également d'autres causes qui me touchent.»

Fraîchement divorcée

Kimka peut compter sur le soutien sans faille de son père et de sa mère, Jane, sa complice, qui l'aide dans ses gestes au quotidien. «On a vécu de drôles de choses avec sa maladie. Mais aussi des choses très drôles avec sa carrière. Je ne m'ennuie jamais avec elle», glisse Jane Knebel. Car entre concerts, enregistrements, organisation de téléthons, mais aussi shopping ou vacances avec sa meilleure amie, Naasira, maman de ses filleuls Mikael et Salma, Kimka ne s'arrête jamais. Et ne trouve pas le temps de se plaindre. Même de sa rupture avec son mari, hémiplégique, rencontré à l'âge de 10 ans. «Pour moi, il faut que ça bouge. Je suis toujours en déplacement. Lui, il travaille aussi, mais souhaitait une vie de famille plus traditionnelle. On a au moins essayé, je n'ai pas de regrets. Nous restons en bons termes», explique la jeune divorcée. Qui avec son nouvel album veut continuer de briser les barrières du handicap: «Ado, les gens me disaient que chanteuse n'était pas un métier. Surtout pour une personne handicapée. J'avais donc commencé un apprentissage de réceptionniste téléphoniste. J'y ai beaucoup appris, mais ça ne me plaisait pas. J'ai arrêté en 2005 pour chanter. Quand on veut on peut, c'est ma devise! Mon rêve aujourd'hui? Toucher encore davantage de gens avec ma musique.»

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