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TechnologiesKodak dépose son bilan pour se restructurer

L'ancien fleuron de la photographie mondiale s'est placé sous la protection de la loi américaine sur les faillites. Ses filiales américaines subissent le même sort.

La société plus que centenaire, basée à Rochester, dans le nord de l'Etat de New York, n'a cessé de décliner depuis qu'elle raté le train du numérique au tournant du millénaire.

La société plus que centenaire, basée à Rochester, dans le nord de l'Etat de New York, n'a cessé de décliner depuis qu'elle raté le train du numérique au tournant du millénaire.

AFP

Eastman Kodak a annoncé jeudi qu'il s'était placé sous la protection du chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites. L'ex-fleuron de la photographie mondiale compte se restructurer à l'abri des demandes de ses créanciers.

L'entreprise dispose d'une facilité de crédit de 950 millions de dollars négociée auprès de la banque Citigroup. Elle «pense qu'elle dispose de liquidités suffisantes pour effectuer ses activités dans le cadre du chapitre 11 et continuer à fournir produits et services à ses clients comme à l'ordinaire», a-t-elle indiqué.

Les filiales du groupe hors des Etats-Unis ne sont pas incluses dans la demande de placement sous le chapitre 11 déposée auprès d'un tribunal de New York. Elles continueront à honorer normalement leurs engagements financiers, a assuré l'entreprise américaine.

La société plus que centenaire, basée à Rochester dans l'Etat de New York, n'a cessé de décliner depuis qu'elle raté le train du numérique au tournant du millénaire. Elle était pourtant à l'origine de nombre des inventions à l'origine de ces nouvelles technologies.

Déclin

Kodak avait lancé en 1975 ce qu'il présente comme le premier appareil photo numérique, un boîtier noir et blanc de la taille d'un grille-pains. Mais lorsque le numérique a explosé, le fabricant des légendaires pellicules Kodachrome s'est laissé devancer par ses concurrents, notamment asiatiques.

A la veille de son dépôt de bilan, la société jaune et rouge ne valait plus que 150 millions de dollars en Bourse, alors qu'elle avait figuré pendant plus de 70 ans dans le club très fermé des 30 valeurs composant l'indice Dow Jones. Retirée de l'indice en 2004, la valeur était menacée depuis plusieurs semaines d'une expulsion pure et simple de la cote en raison d'un cours insuffisant.

Depuis 2003, Kodak a fermé 13 usines et 130 laboratoires et supprimé 47'000 postes, a rappelé Antonio Perez, le patron du groupe cité dans le communiqué. La société estime réaliser désormais les trois quarts de son activité dans le numérique, via la vente de licences et dans les technologies d'impression.

Le patron n'a pas précisé l'impact prévisible de cette stratégie sur l'emploi. Kodak compte encore 18'000 salariés dans le monde. Son portefeuille de plus de 1000 brevets dans l'imagerie a généré plus de 3 milliards de dollars de royalties depuis 2003. Mais Kodak n'a plus dégagé le moindre profit depuis 2008.

Espoir de renaissance

La décision était attendue par les marchés, qui ont fait tomber l'action mercredi à 55 cents, alors qu'elle en valait dix fois plus il y a un an. «Maintenant nous devons terminer notre transformation en nous attaquant davantage à notre structure de coûts et en cédant efficacement pour de l'argent des actifs non stratégiques», a déclaré M. Perez.

Désormais protégé de ses créanciers, Kodak va pouvoir se concentrer sur la vente de son riche portefeuille de brevets, régler de vieux contentieux et se concentrer sur ses activités les plus rentables.

L'objectif est de ressortir du processus de faillite avec une société plus agile et rentable, à l'exemple de ce qu'avaient fait quelques années plus tôt d'autres icônes du «made in the USA», comme les constructeurs automobiles General Motors et Chrysler.

Kodak est conseillé par la banque d'affaires Lazard et les cabinets spécialisés FTI Consulting et Sullivan & Cromwell. Elle espère voir son plan de restructuration approuvé par la justice de manière à revenir à une exploitation normale courant 2013.

(ats)

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