RépressionKofi Annan pour un «règlement pacifique» de la crise syrienne
L'émissaire de l'Onu et de la Ligue arabe pour la Syrie, a dit redouter jeudi une militarisation accrue de la crise syrienne.

Kofi Annan à propos de la Syrie: «J'espère que personne ne songe sérieusement à recourir à la force dans cette situation.»
L'ancien secrétaire général de l'Onu plaidera auprès de Bachar al Assad comme de ses opposants en faveur d'un «règlement pacifique». Kofi Annan est attendu samedi en Syrie, quasiment un an après le début du mouvement de contestation contre le régime qui a pris depuis des allures de guerre civile.
«J'espère que personne ne songe sérieusement à recourir à la force dans cette situation. Je crois qu'accroître la militarisation» ne ferait que l'aggraver, a-t-il ajouté, alors que l'Egypte a fait part de ses craintes que la crise ne se propage «à l'ensemble de la région».
La secrétaire générale adjointe de l'Onu chargée des questions humanitaires Valerie Amos a de son côté confié avoir été «anéantie» par ce qu'elle a vu à Baba Amr.
Les propos de Kofi Annan ont été lourdement critiqués par des opposants syriens, pour qui les appels au dialogue ne font que donner davantage de temps à Bachar al Assad pour mener la répression à son terme.
«Zone dévastée»
La responsable des opérations humanitaires de l'Onu, Valerie Amos, poursuivait jeudi une visite dans le pays pour tenter d'obtenir de Damas un accès sans entraves pour acheminer l'aide humanitaire.
Selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Valerie Amos a pu entrer brièvement mercredi à Homs, dans le quartier de Baba Amr, symbole de la révolte jusqu'à sa prise par les forces gouvernementales le 1er mars.
La zone était «totalement dévastée» et vidée de ses habitants après un mois de bombardements intenses à l'artillerie lourde, selon l'Onu. Le régime a assuré Valérie Amos, en Syrie jusqu'à vendredi, de sa coopération, mais elle n'a pu accéder à certains quartiers de Homs, où des tirs de roquettes et d'armes automatiques ont encore retenti mercredi.
«Les dégâts sont considérables, ce quartier de Homs est complètement détruit et je m'inquiète de savoir ce que sont devenus les gens qui y vivaient», a déclaré la diplomate de retour à Damas.
Aide internationale
A Genève, une réunion de coordination sur l'aide humanitaire à la Syrie a permis de renforcer les préparatifs pour aider jusqu'à 1,5 million de Syriens.
Un premier plan d'action de 90 jours portant sur plus de cent millions de dollars a été examiné par les participants, regroupant les représentants des Etats membres, des organisations régionales, des ONG et des agences de l'Onu. Un appel de fonds sera lancé ultérieurement. Les Etats-Unis ont annoncé pour leur part que leur contribution passait de 10 à 12 millions de dollars.
Par ailleurs, l'Unesco a condamné la Syrie pour sa répression du soulèvement de l'opposition depuis un an, sans toutefois l'exclure de son comité des droits de l'homme, comme le souhaitaient certains pays.
Défection à Damas
Les «brutalités» du régime syrien ont fini par pousser à la défection Abdo Houssameldine, vice-ministre du Pétrole. Il est le premier responsable gouvernemental à rejoindre les rangs de l'opposition depuis le début des troubles.
Agé de 58 ans, le vice-ministre, nommé à son poste par Bachar al Assad en 2009, explique qu'il ne veut «pas terminer (sa) carrière en servant les crimes de ce régime».
«J'ai choisi de faire ce qui est juste bien que je sache que le régime va brûler ma maison et persécuter ma famille», a-t-il déclaré dans une vidéo mise en ligne mercredi sur le site de partage YouTube.
Les Etats-Unis ont réagi positivement jeudi à cette défection. Ils ont déclaré qu'elle constituerait une «très bonne nouvelle» si elle était confirmée.
Ce retrait n'a pas eu d'effets sur le terrain. L'armée syrienne a envoyé de nouveaux renforts jeudi dans la province d'Idleb (nord- ouest). L'opposition craint un assaut similaire à celui contre Baba Amr, permettant à l'armée de reprendre le quartier rebelle, a indiqué une ONG.
Le secrétaire américain à la Défense Leon Panetta a plaidé la prudence diplomatique face à la répression en Syrie, excluant une intervention militaire, mais pas la fourniture «d'assistance non létale» à l'opposition. Londres a emboîté le pas, envisageant «une assistance technique aux groupes pacifiques de l'opposition» basés hors de Syrie.