ConcurrenceKühne Nagel et Panalpina mis à l'amende par Bruxelles
La Commission européenne inflige de lourdes amendes aux entreprises de transport en raison de surtaxes et d'avoir modifié des mécanismes de tarification dans le secteur du transit aérien entre 2002 et 2007.

Joaquin Almunia: «Les entreprises doivent être conscientes que dépasser les limites en se livrant à une collusion sur les prix finit par leur coûter cher.»
La Commission européenne a infligé des amendes pour un montant total de 169 millions d'euros (204 millions de francs) à 14 entreprises de transport. Kühne Nagel et Panalpina écopent des sanctions les plus lourdes avec respectivement 53,7 et 46,5 millions.
Les entreprises incriminées ont participé entre 2002 et 2007 à quatre ententes distinctes sur les prix et d'autres conditions de transaction dans le secteur des services de transit aérien, a indiqué mercredi la Commission.
La société britannique Schenker ou l'américaine UPS sont également sanctionnées. En revanche, Deutsche Post, qui a révélé l'existence des ententes à la Commission, a bénéficié d'une immunité totale.
Les participants se sont entendus sur des surtaxes et des mécanismes de tarification concernant d'importantes routes commerciales, notamment entre l'Europe et les Etats-Unis et la Chine et l'Europe. La durée des pratiques a varié d'une entente à l'autre, tout comme l'identité des participants.
«Club de jardinage»
«Les entreprises doivent être conscientes que dépasser les limites en se livrant à une collusion sur les prix finit par leur coûter cher», a commenté Joaquin Almunia, vice-président de la Commission chargé de la concurrence.
Dans une des ententes, les participants organisaient leurs contacts dans le cadre d'un «club de jardinage». Ils «utilisaient des noms de légumes pour se référer les uns aux autres lorsqu'ils fixaient les prix», a expliqué au cours d'une conférence de presse Joaquin Almunia.
«De nombreux consommateurs individuels ont souffert» de ces ententes, a-t-il souligné, dénonçant «l'impôt dissimulé que les ententes font peser sur notre économie». «Nous allons continuer de lutter contre les cartels, qui sont notre priorité numéro un», a affirmé Joaquin Almunia.
Kühne Nagel et Panalpina vont examiner attentivement la décision de l'Union européenne (UE). Ils envisagent de faire recours, ont-ils annoncé dans des communiqués distincts.
La Commission n'a pas correctement évalué l'implication de Kühne Nagel et en a tiré de fausses conclusions, estime le président du conseil d'administration Karl Gernandt.
Accord à l'amiable
Kühne Nagel considère que sa coopération avec les autorités n'a pas été suffisamment reconnue. Une procédure semblable aux Etats-Unis a abouti à des accords à l'amiable avec le Département de justice, font remarquer les deux entreprises.
Les infractions commises n'ont eu vraisemblablement aucune influence sur les prix pour les clients, assure Panalpina. Deux procédures anti-cartels sont encore pendantes en Suisse et au Brésil, précise la société bâloise. Un accord à l'amiable a été trouvé en Suisse, mais il nécessite l'approbation de la Commission de la concurrence.
Kühne Nagel a vu son bénéfice légèrement augmenter l'an dernier, de 1 millions de francs, pour atteindre un nouveau record de 606 millions. Le chiffre d'affaires de la firme schwyzoise a en revanche diminué de 3,3% à 19,6 milliards.
De son côté Panalpina a dégagé en 2011 un bénéfice net de 127,4 millions de francs, alors qu'il avait inscrit une perte de 26 millions un an plus tôt. Le chiffre d'affaires a reculé de 9% à 6,5 milliards.