Canton de ZougL'action Sika s'envole après le verdict de la justice
Le Tribunal cantonal de Zoug a rejeté la plainte des héritiers du fondateur de Sika contre le plafonnement de leurs droits de vote à 5%.

Photo d'illustration.
A la Bourse suisse, le titre du fabricant zougois de spécialités chimiques s'est envolé.
Après avoir ouvert la séance de lundi sur un bond de 11% par rapport à la clôture de vendredi, l'action Sika bondissait vers 10h50 de 15,87% à 4921 francs. Avant la pause du week-end, le titre du groupe établi à Baar avait achevé la semaine sur une chute de 4,20%, le doute ayant gagné les investisseurs après l'annonce par Sika du verdict de la justice zougoise pour la soirée.
Le tribunal cantonal de Zoug a rejeté vendredi tous les points litigieux de la plainte déposée par la holding Schenker Winkler Holding (SWH) de la famille Burkard-Schenker. Les juges cantonaux ont estimé légale la limitation des droits de vote de SWH à 5% aux assemblées générales tenues en 2015.
Pour rappel, l'affaire remonte à la fin de l'année 2014. En décembre, Saint-Gobain a conclu un contrat proposant 2,75 milliards de francs aux membres de la famille Burkard-Schenker pour racheter leur participation. Détenue via SWH celle-ci se monte à un peu plus de 16% du capital-actions, mais représente plus de 52% des droits de vote.
Une offre pour SWH
Jugeant la transaction infondée économiquement et stratégiquement, la direction et les représentants indépendants du conseil d'administration de Sika s'y sont toujours opposés. Afin d'empêcher l'actionnaire majoritaire d'élire des administrateurs acquis à sa cause, l'organe de surveillance de Sika a limité les droits de vote de SWH lors des deux assemblées générales de 2015.
Le conseil d'administration s'est basé sur les statuts de la firme pour procéder à ce plafonnement. Fort de la décision favorable du tribunal cantonal, le président du conseil d'administration Paul Hälg a indiqué vendredi soir avoir préparé «une offre» à la famille du fondateur, qui «est au bénéfice de toutes les parties».
Revenant sur ce projet dans la presse dominicale alémanique, le président de Sika n'a pas souhaité divulguer les détails de son projet. Garantissant l'indépendance du groupe zougois, ce dernier représente une solution rapide et financièrement attrayante pour la famille Burkard-Schenker, a affirmé M. Hälg. Et les autres actionnaires en profiteraient également.
Sika pourrait financer une offre d'achat par ses propres moyens. «Nous avons un bilan très solide et, cette année, nous nous retrouvons économiquement» à un niveau record, a ajouté M. Hälg.
Saint-Gobain ne cède pas
Selon les analystes de Vontobel, Sika pourrait offrir 2,25 milliards de francs aux héritiers ainsi qu'un dédommagement de 250 millions à Saint-Gobain pour clore le dossier. Reste que vendredi soir, le groupe français a lui aussi campé sur ses positions.
Saint-Gobain a fait savoir qu'il était toujours prêt à poursuivre son projet d'acquisition, «créateur de valeur pour toutes les parties prenantes». L'entreprise a précisé que l'accord signé avec la famille Burkard-Schenker est valable jusqu'en juin 2017 et peut être prorogé jusqu'en décembre 2018.