Santé: L'addiction aux selfies, une vraie maladie mentale

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SantéL'addiction aux selfies, une vraie maladie mentale

Le manque d'attention et de confiance en eux pousseraient certains à devenir accros aux selfies et à leur partage sur les réseaux sociaux.

par
Jonathan Zalts
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Véritable phénomène sociétaire, le selfie a envahi ces dernières années le quotidien de nombre d'entre nous.

En vacances, au restaurant ou sur le lieu de travail, beaucoup n'hésitent ainsi plus à s'immortaliser devant l'objectif et à partager leurs clichés sur les réseaux sociaux. À un point tel que certains auraient développé une vraie dépendance. Une addiction qui depuis peu a un nom: le «selfitis».

Dans une étude publiée fin novembre dans International Journal of Mental Health and Addiction, des chercheurs de l'université de Nottingham Trent au Royaume-Uni et de la Thiagarajar School of Management, en Inde, l'ont même reconnu comme une maladie mentale.

Ces derniers ont entrepris leurs recherches en Inde, pays comptant le nombre le plus élevé d'utilisateurs Facebook et où pas moins de 14 personnes ont trouvé la mort en 2017 suite à un selfie pris en situation dangereuse (sur 30 dans le monde).

Pour ce faire, ils ont d'abord créé des groupes de discussion avec 225 participants issus du milieu universitaire, leur posant des questions comme «Qu'est-ce qui vous contraint à prendre des selfies?» ou «Pensez-vous qu'il est possible qu'une personne en devienne dépendante?» À l'issue de ces séances, les scientifiques ont établi une série d'affirmations qu'ils ont séparée en catégories telles que la compétition sociale («Je me sens perdu quand mes amis ont plus de "likes" et de commentaires pour leur selfies que moi»), la recherche d'attention («Ma raison principale pour prendre des selfies et les partager c'est d'attirer l'attention ») ou encore la confiance en soi («Quand les gens "aiment" et commentent mes selfies, j'ai plus confiance en moi»).

Suite à ces analyses, les chercheurs ont mis en place une «échelle comportementale» testée sur 400 étudiants qui ont dû définir si les affirmations s'appliquaient à eux ou pas. Les résultats obtenus ont finalement permis aux scientifiques de classer la dépendance aux selfies comme une maladie mentale à part entière, en distinguant notamment trois degrés d'addiction: à risque, aiguë et chronique. «Ceux qui souffrent [de "selfitis"] souffrent généralement d'un manque de confiance en eux et cherchent à se rapprocher de leurs pairs, explique le Docteur Janarthanan Balakrishnan à The Independent. Ils peuvent présenter des symptômes similaires à d'autres comportements potentiellement addictifs.»

À noter que le terme de «selfitis» avait déjà vu le jour en 2014 dans un article qui stipulait que la dépendance aux selfies devait être considérée comme un vrai trouble mental par l'Association américaine de psychiatrie, une histoire qui s'était finalement révélée fausse. «S'il s'agissait bien d'un canular, cela ne voulait pas dire que la condition de selfitis, elle, n'existait pas», indique le Docteur Mark Griffiths au quotidien britannique.

Et d'ajouter: «Il semble que nous avons maintenant confirmé son existence et développé la première échelle comportementale de "selfitis" au monde.»

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