Attentats de ParisL'aéroport de Roissy fait le ménage parmi le personnel
Cinq autorisations de travailler en «zone réservée» ont été supprimées depuis les attentats de novembre, 57 depuis le début de l'année.
Depuis le début de l'année, près de soixante personnes, soupçonnées de radicalisation, n'ont pas obtenu l'autorisation de travailler à l'aéroport parisien de Roissy, selon les autorités. Après les attentats de Paris, celles-ci ont décidé de revoir l'ensemble des habilitations attribuées aux membres du personnle.
«Depuis le début de l'année, 57 personnes ont perdu leur autorisation du fait de radicalisation. Il y en a eu cinq depuis les attentats (ndlr: du 13 novembre) et il y en a d'autres qui vont venir», a déclaré vendredi le préfet délégué pour la sécurité et la sûreté des aéroports de Roissy et du Bourget, Philippe Riffaut, lors d'une conférence de presse.
Ces 57 refus portaient aussi bien sur une première attribution que sur un renouvellement de badge, et certaines personnes se sont fait retirer «purement et simplement» leur habilitation.
Roissy-Charles-de-Gaulle, le principal aéroport français, est l'un des premiers employeurs de Seine-Saint-Denis, fournissant une activité à des milliers de salariés parfois peu qualifiés. Mais pour travailler en «zone réservée», il faut montrer patte blanche et obtenir le feu vert de l'Etat, après une enquête qui peut faire appel aux Services de renseignement, pour lutter notamment contre le risque terroriste.
Près de 90'000 autorisations à revérifier
«Les 86'000 autorisations de travail sur la zone réservée seront revues», a annoncé le préfet. En commençant par les «5000 personnels de sûreté de l'aéroport», il s'agira de «vérifier ce que les personnes ont pu faire depuis qu'elles ont obtenu leur autorisation», en «lien quotidien» avec la DGSI, le service de renseignement intérieur.
Désormais, un nouveau paramètre sera intégré dans «l'appréciation de la radicalisation» des personnels, «un facteur qui pose problème en termes de sécurité et de sûreté: le non-respect de l'égalité homme-femme», a appuyé Philippe Riffaut. «Quand un homme refuse de rendre compte, ou de travailler avec une femme, c'est un problème», a-t-il estimé, faisant état de «quelques cas précis».
Depuis la mise en place de l'état d'urgence, plusieurs perquisitions ont par ailleurs été menées dans des entreprises de la plateforme aéroportuaire, donnant lieu à l'ouverture de 4000 casiers de personnels. Ni drogue ni armes n'ont été trouvées, a précisé le préfet, «juste quelques éléments de littérature religieuse de propagande avancée».
Voyageurs contrôlés systématiquement
En matière de sécurité, côté voyageurs, «100% de passagers» font désormais l'objet d'un contrôle aux frontières, contre «15 à 20%» précédemment, a souligné Patrice Bonhaume, directeur de la police aux frontières (PAF), en marge de cette conférence de presse. Actuellement, 130'000 à 140'000 voyageurs transitent chaque jour par l'aéroport de Roissy, selon ADP.
Ces contrôles permettent d'identifier les gens fichés et, le cas échéant, d'empêcher certains passagers de quitter le territoire. Le directeur de la PAF cite ainsi le cas, il y a trois jours, «d'un jeune majeur de 20 ans qu'on n'a pas laissé partir»: il s'apprêtait à monter à bord d'un avion pour la Turquie, afin de rejoindre la Syrie pour «se battre».
Pour sécuriser la plateforme aéroportuaire, la PAF a aussi mis en place des contrôles routiers. Vendredi matin, 1500 véhicules ont été ainsi vérifiés à la sortie des axes autoroutiers menant à Roissy.