CyclismeL'année de Richie Porte?
L'Australien, surclassé in extremis dimanche par le Danois Jakob Fuglsang au classement final du Dauphiné, s'annonce comme l'un des grands favoris du Tour de France.

Richie Porte a dû laisser échapper la victoire finale au profit de Jakob Fuglsang, vainqueur dimanche de la 8e étape en Haute-Savoi).
BMC se prend à rêver d'un deuxième Tour de France. Six ans après Cadel Evans, l'équipe américano-suisse croit fort en Richie Porte qui, malgré son couac de dimanche au Dauphiné, s'annonce redoutable en juillet.
Parmi les favoris à la prochaine Grande Boucle, l'Australien est celui qui a laissé la meilleure impression lors des deux répétitions générales du printemps. Il a été sacré au Tour de Romandie et il aurait dû en faire de même sur le Dauphiné, où il s'est fait souffler la victoire finale pour dix secondes par Jakob Fuglsang. La faute à une erreur tactique - il s'est trop focalisé dimanche sur Chris Froome - et à des coéquipiers déficients au cours de cette ultime étape.
«Cette défaite est amère car je ne suis pas battu sur ma propre valeur», a d'ailleurs jugé Richie Porte. «Mais cela ne doit pas trop entacher mon bilan de la semaine. Je sors de ce Dauphiné avec de la confiance, ce qui est de bon augure avant le Tour de France», a-t-il assuré.
Un avis partagé par son directeur sportif, Fabio Baldato: «Je crois qu'il était évident que Richie était le plus fort sur ce Dauphiné, même si le déroulement de l'ultime étape lui a été défavorable. Nous attendons avec impatience le Tour de France», a ajouté le dirigeant italien qui, avant le départ du 1er juillet à Dusseldorf, va mener ses hommes à un stage d'altitude à Teide en Espagne.
Du côté de la concurrence également, on estime que Richie Porte sera l'homme à battre sur le Tour. «C'est le coureur le plus fort du moment et le favori pour juillet», a affirmé Chris Froome à l'issue du Dauphiné, pas mécontent de se décharger d'un peu de pression avant la Grande Boucle, où il visera un quatrième sacre.
Le duel Froome - Porte s'annonce d'ailleurs particulièrement piquant. L'Australien a longtemps travaillé pour le Britannique chez Sky, où ils sont devenus amis. Mais c'est désormais leur rivalité qui prédomine, comme l'a prouvé leurs différentes passes d'armes sur le Dauphiné.
Enfin seul leader
Longtemps cantonné au rôle d'équipier, Richie Porte n'a pu jouer qu'une seule fois le classement général au Tour de France. C'était l'année dernière pour ses débuts chez BMC, et cela s'était soldé par une 5e place mitigée. Le Tasmanien avait compromis ses chances dès la 2e étape, lorsqu'une crevaison dans le final lui avait fait perdre près de deux minutes. Surtout, le Richie Porte de 2016 n'avait pas encore la même envergure qu'aujourd'hui, lui qui a mis du temps à s'émanciper de Chris Froome.
«On avait la fâcheuse impression qu'il courait toujours pour lui (Froome). On a dû se fâcher parfois et lui expliquer qu'il n'avait plus de cadeaux à lui faire. Richie a mis un an avant de comprendre ça», a raconté Yvon Ledanois, autre directeur sportif chez BMC, cité la semaine dernière dans «L'Equipe».
Pour que Richie Porte se sente vraiment patron chez BMC, il a aussi fallu que sa formation lui fasse confiance et cesse de lui mettre l'Américain Tejay Van Garderen en co-leader. «Pour la première fois cette année, je dispose d'une équipe qui a été construite autour de moi. On me fait confiance et, du coup, cela me donne confiance», avait-il souligné à l'issue de sa victoire au Tour de Romandie.
Avec une formation totalement dévouée, qui comprendra sans doute l'un ou l'autre Suisse (Danilo Wyss ? Michael Schär ?), Richie Porte doit désormais confirmer au Tour de France, où il tentera de marcher sur les pas de Cadel Evans, le seul Australien et seul coureur BMC à avoir remporté la Grande Boucle jusqu'ici. Bon présage: avant de triompher sur le Tour en 2011, Cadel Evans s'était préparé en gagnant le Tour de Romandie puis en terminant 2e du Dauphiné...