AlgérieL'armée n'écoute pas les revendications
L'armée reste opposée aux revendications des manifestants concernant la transition vers l'après-Bouteflika en Algérie.

Un manifestant dans les rues d'Alger le 26 avril dernier.
Le chef d'état-major de l'armée algérienne a opposé mardi une fin de non-recevoir aux revendications des manifestants en Algérie, qui veulent des institutions de transition ad hoc pour gérer l'après Abdelaziz Bouteflika. Ils exigent notamment le départ de l'ensemble des figures du «système» au pouvoir.
Parmi les personnes visées par les manifestants, figurent en premier lieu le chef de l'Etat par intérim Abdelkader Bensalah et premier ministre Noureddine Bedoui, deux anciens proches de M. Bouteflika. La présidentielle prévue le 4 juillet en Algérie pour élire un successeur au chef de l'Etat, poussé à la démission le 2 avril, est la «solution idéale pour sortir de la crise», leur a répondu mardi le général Ahmed Gaïd Salah dans un discours.
Le parti au pouvoir, le front de libération nationale (FLN), a pour sa part élu mardi un nouveau secrétaire général. Le député et homme d'affaires Mohamed Djamiai, 50 ans, remplace Moad Bouchareb, désigné par M. Bouteflika l'année dernière.
Appel du chef d'Etat ad interim
Alors que, comme chaque mardi depuis le début du mouvement de contestation, des milliers d'étudiants ont défilé dans le centre d'Alger et dans plusieurs villes d'Algérie, M. Bensalah a appelé à «instaurer un climat de sérénité et d'entente».
Dans un message à l'occasion de la fête du travail, il a exhorté le peuple algérien à chercher des «solutions consensuelles» pour satisfaire «ses revendications légitimes à une vie décente et son aspiration résolue à un changement radical avec le régime, pratiques et symboles», selon l'agence de presse APS.
Mais les contestataires refusent que les structures et personnalités de l'appareil hérité de M. Bouteflika organisent la présidentielle, alors que ses vingt années de pouvoir ont été marquées selon eux par des fraudes électorales. Ils réclament un processus de transition hors des institutions et délais prévus par la constitution, gérée par des structures spécialement mises en place et chargées de mener le pays vers une deuxième république.
Pilier du régime durant 15 ans et devenu de facto l'homme fort de l'Algérie depuis qu'il a lâché M. Bouteflika, rendant sa démission inéluctable, le général Gaïd Salah a souligné mardi exclure que l'armée permette une transition hors du cadre constitutionnel. Le général a également assuré que l'armée veillerait à ce que les enquêtes judiciaires ouvertes sur des dossiers de corruption visant des personnalités liées au régime soient préservées des «pressions ou diktats».