incident diplomatiqueL'Arménie rompt le dialogue avec la Hongrie
Un soldat azerbaïdjanais condamné en Hongrie pour le meurtre d'un Arménien et gracié par l'Azerbaïdjan a plongé la région dans la tourmente.

Suite à l'extradition, l'Arménie a annoncé qu'elle suspendait ses relations diplomatiques avec la Hongrie.
Bakou avait promis, selon Budapest, de ne pas changer la peine de prison à vie du soldat azerbaïdjanais condamné par la justice hongroise pour le meurtre d'un soldat arménien, puis extradé et gracié vendredi en Azerbaïdjan, actes qui ont mené à la rupture des relations diplomatiques entre la Hongrie et l'Arménie.
"Le ministre de la Justice de l'Azerbaïdjan a informé le ministre de la Justice et de l'Administration hongrois que la peine de Ramil Sahib Safarov ne serait pas modifiée mais qu'il continuerait de purger la peine qui lui a été administré par le Tribunal hongrois", a indiqué le gouvernement hongrois sur son site officiel.
Condamné à la perpétuité pour le meurtre d'un officier arménien à Budapest en 2004, Ramil Safarov, 35 ans, a été extradé vendredi vers son pays par les autorités hongroises et gracié aussitôt par le président azerbaïdjanais, Ilham Aliev.
Suite à l'extradition, l'Arménie a annoncé qu'elle suspendait ses relations diplomatiques avec la Hongrie et le bureau du Président américain Barack Obama a également indiqué qu'il demanderait des explications à Budapest sur l'extradition.
De son côté, le gouvernement hongrois a répondu samedi après-midi en soulignant qu'il "respectait pleinement l'Arménie chrétienne, son peuple et ses traditions comme sa culture" et affirmé son "regret" pour la rupture des liens diplomatiques.
Plans d'expansions
Le communiqué de Budapest, publié par l'agence de presse nationale MTI répète la position du ministre de la Justice et de l'administration selon laquelle la Hongrie avait agit "en harmonie avec les lois internationales", évoquant la Convention de Strasbourg de 1983 sur le transfert des personnes condamnées, signée par Budapest et Bakou. A la fin du communiqué, Budapest précise qu'elle "attendait le même respect des contrats internationaux de ses partenaires".
La presse hongroise estimait samedi que l'extradition de Safarov était certainement liée aux plans d'expansion économique du Premier ministre conservateur Viktor Orban, dont "l'ouverture vers l'Est" est son cheval de bataille.
Ce dernier a visité Bakou il y a quelques mois pour des questions "énergétiques et économiques".
Selon le premier portail d'information en ligne Index.hu, le gouvernement hongrois désire vendre des obligations d'Etat à Bakou pour un montant de l'ordre de 2 à 3 milliards d'euros pour financer sa dette, alors que ses négociations avec le Fonds monétaire international (FMI) semblent figées.
Après un premier round de discussions à la mi-juillet, aucune date n'est encore annoncée la poursuite du débat sur le prêt de 15 milliards d'euros dont Budapest aurait besoin.
Selon le parti d'opposition DK de l'ancien Premier ministre Ferenc Gyurcsany, le gouvernement a "vendu l'honneur de la Hongrie dans l'espoir d'un prêt azéri". Ils ont appelé à la démission du ministre de la Justice hongrois Tibor Navracsics.
Le parti vert-gauche LMP a exigé des explications et le plus grand parti de l'opposition MSZP (socialiste) a convoqué la réunion de la Commission des affaires étrangères du parlement hongrois.