ChiliL'arnaque des «petits fromages magiques» jugée en France
Une femme qui a floué des milliers de Chiliens en vendant des kits de fabrication de fromages se retrouve devant la justice française.
Les petits fromages magiques étaient censés être vendus à L'Oréal.
Une femme accusée de l'une des plus grosses escroqueries que le Chili ait connue, la vente de milliers de kits de fabrication de fromages censés générer des bénéfices faramineux, est jugée en France à partir de ce lundi 8 juin.
L'affaire dite des «petits fromages magiques» semblait alléchante: Gilberte Van Erpe, alias Madame Gil, proposait à ses futures victimes, lors de grandes conférences publiques, de devenir producteurs, à domicile, de petits fromages destinés à être exportés du Chili vers le Congo, pour au final servir en France à l'industrie cosmétique.
Maisons hypothéquées
Contre la somme de 369 euros étaient vendus à partir de décembre 2005 des kits de ferments lactiques, importés de Pologne et de France, destinés à être mélangés à du lait, filtres de soie et étuis en papier. Ils en valaient 40.
Après quelques semaines de culture, les producteurs qui réussissaient à obtenir ces sortes de fromages devaient réaliser un bénéfice de 100% de leur investissement initial.
Les premiers «fromages magiques» ayant été réellement payés, le succès de l'opération s'est rapidement étendu, certaines personnes n'hésitant pas à s'endetter, voire à hypothéquer leur maison.
Fromages restés au Chili
L'enquête chilienne a permis d'identifier quelque 5500 victimes, qui ont investi entre 400 et 168 000 euros (175 740 francs), pour un montant total de 14,5 millions d'euros (plus de 15,1 millions de francs).
Mais ces petits fromages, prétendument destinés à aller chez L'Oréal, n'ont jamais quitté le Chili. Ils moisissaient dans une cave ou un entrepôt. Tout le système s'est effondré en juillet 2006.
L'enquête a mis en évidence une escroquerie de type pyramidal. Si quelque 711 personnes ont bien perçu des bénéfices, plus de 4000 ont été flouées. Les sommes reversées aux premiers investisseurs étaient en fait issues des dépôts des suivants.
Mme Van Erpe avait été interpellée en 2008 à Nice (sud-est). Comme il était impossible de l'extrader, les autorités chiliennes avaient dénoncé les faits à la France en octobre 2006. Outre Gilberte Van Erpe, 74 ans, trois complices présumés seront également jugés à Paris.