Côte d'IvoireL'attaque est revendiquée par AQMI
La station balnéaire de Grand Bassam, à 40 km environ d'Abidjan, a été assaillie par des hommes armés. L'attaque a fait 18 morts, dont 4 Européens.
Après le Burkina et le Mali, la Côte d'Ivoire a été la cible dimanche d'une attaque djihadiste.
Selon un nouveau bilan, quinze civils et trois membres des forces de sécurité ont été tués dimanche dans la station balnéaire de Grand-Bassam, près d'Abidjan, a annoncé lundi le ministre ivoirien de l'Intérieur Hamed Bakayoko. «Trois terroristes ont été abattus», a ajouté le ministre lors d'une conférence de presse, alors que les précédents bilans officiels faisaient état de 14 civils et deux membres des forces de sécurité tués, ainsi que six terroristes abattus.
Le président Alassane Ouattara, qui s'est rendu sur les lieux, à une vingtaine de kilomètres à l'est d'Abidjan, a dénoncé une attaque «terroriste», revendiquée dans la soirée par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
L'attaque rappelle celle d'un hôtel à Sousse (Tunisie) qui a fait 38 morts le 26 juin, revendiquée par le groupe État islamique (EI). Elle suit plusieurs attaques en Afrique de l'Ouest visant des lieux fréquentés par des étrangers, à Bamako (20 morts dont 14 étrangers le 20 novembre) et Ouagadougou (20 morts le 15 janvier).
L'attaque a débuté à 12H30 (13h30 heure suisse) quand «six hommes armés sont venus sur la plage (de l'hôtel l'Etoile du sud) de Grand-Bassam (...) et ont commencé à tirer sur les touristes, les clients», a déclaré Alassane Ouattara. «Les forces spéciales ivoiriennes sont intervenues dès 13H15 (14h15 heure suisse) ont réussi à neutraliser les six terroristes», a-t-il dit.
Lourd bilan
«Le bilan est lourd» avec 14 civils et deux membres des forces spéciales tués, ainsi que 22 blessés, a-t-il ajouté. Les opérations de ratissage se sont toutefois poursuivies pour retrouver d'éventuels autres assaillants.
Le ministre de l'Intérieur, Hamed Bakayoko, a précisé qu'il y avait quatre morts occidentaux, dont un Français et un Allemand.
Le président français François Hollande a dénoncé un «lâche attentat», promettant «soutien logistique et de renseignement pour retrouver les agresseurs». Le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault et le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve se rendront mardi à Abidjan pour exprimer la solidarité de la France, selon l'entourage de Jean-Marc Ayrault.
La justice française a ouvert une enquête pour assassinat terroriste, en raison de la présence d'une victime française.
Plage bondée
Les Etats-Unis ont de leur côté «condamné fermement les attaques terroristes» de Grand-Bassam, et ont déclaré «se tenir prêts à soutenir le gouvernement ivoirien dans son enquête sur cette attaque odieuse», dans un communiqué dimanche du porte-parole du département d'Etat John Kirby.
Dans sa revendication, Aqmi a indiqué que l'attaque avait été menée par «trois héros».
Un photographe de l'AFP a vu sept corps sur la plage et un autre dans l'hôtel Étoile du Sud, un des trois établissements ciblés, que les clients ont fui en abandonnant serviettes et verres au bord de la piscine.
Ces assaillants étaient «puissamment armés» alors que l'établissement était bondé en cette période de canicule, a expliqué un témoin joint par l'AFP.
Scènes de panique
«On était sur la plage, on a entendu des coups de feu et on a vu des gens fuir, on a compris que c'était une attaque», a raconté Braman Kinda qui a vu les assaillants parcourir la plage «en tirant des coups de feu».
Le prince français Charles-Philippe d'Orléans, arrivé sur la plage peu avant l'attaque, a raconté au magazine Paris Match avoir cru entendre «un pétard», qui était «sans doute un calibre 22 LR». «Il y avait un monde fou sur cette plage (...) Tout le monde s'est figé un instant. Puis il y a eu un second coup de feu, du 9 mm sans doute, et là, tout le monde s'est mis à courir dans tous les sens.» (voir article lié)
Abbas El-Roz, un ressortissant libanais qui séjournait à l'Étoile du Sud, a raconté que l'un des assaillants portait un fusil d'assaut Kalachnikov et une ceinture de grenades.
Un autre témoin, Kouamena Kakou Bertin, transporteur, a affirmé que trois assaillants s'étaient enfuis à pied par la route.
Abidjanais et expatriés
L'attaque a provoqué des scènes de panique, plusieurs centaines de personnes tentant de quitter la zone quadrillée par d'importantes forces militaires.
Les plages alentours ont été évacuées par l'armée, dimanche, dans la journée.
Ville historique et ancienne capitale coloniale sur la côte du Golfe de Guinée, Grand-Bassam abrite plusieurs hôtels fréquentés par une clientèle d'expatriés le long d'une plage où afflue la population abidjanaise en fin de semaine. C'est la première fois que le pays est la cible d'une attaque contre une zone touristique, alors que le secteur se remet lentement de 10 ans de crise socio-politique.
Alerte
La Côte d'Ivoire, frontalière du Mali dont les djihadistes ont un temps occupé le nord avant d'être chassés par une intervention militaire française, avait jusqu'ici été épargnée par les attentats de masse.
Mais nombre d'analystes s'attendaient à ce qu'elle soit visée, comme le Sénégal, pays très touristique. Dans une interview au site mauritanien Al-Akhbar en janvier, un chef d'Aqmi, Yahya Abou El Hamame, menaçait les alliés des «Croisés» de «les frapper, ainsi que les intérêts occidentaux chez eux». La Côte d'Ivoire participe à la force de l'ONU déployée au Mali et un peu plus de 550 militaires français sont stationnés dans le pays.
Un témoin évoque des coups de feu venant de la plage à proximité des nombreux hôtels du secteur. Un jeune homme présent sur place a posté différents témoignages visuels sur son compte Facebook.
SA PAN HOO SA PAN HOOO HEEE ALLAH QUE DIEU NOUS GARDEPosté par Souleymane Kamagate sur dimanche 13 mars 2016