TunisieL'auteur de l'attentat de Sousse avait travaillé dans le tourisme
L'auteur de l'attentat sanglant du 26 juin sur une plage en Tunisie a travaillé dans le tourisme. La mère du tireur affirme que son fils, un étudiant, était «une victime» qui a subi un lavage de cerveau.
«Nous savons qu'il était membre d'un club de danse et qu'il connaît bien le secteur touristique pour y avoir travaillé en tant qu'animateur», a déclaré le Premier ministre Habib Essid dans une interview publiée dimanche dans le quotidien La Presse.
Le jeune homme en noir armé d'une kalachnikov qu'il avait cachée dans un parasol a ouvert le feu sur des touristes, tuant 38 personnes. Il a été identifié par les autorités comme étant un étudiant en master de 23 ans originaire de Gaafour, une petite ville du gouvernorat de Siliana. Il a été abattu par les forces de l'ordre après le massacre.
Les autorités ainsi que des proches avaient indiqué qu'il s'agissait en apparence d'un jeune Tunisien sans histoires, notamment amateur de breakdance. La transformation de ce profil «normal», selon les autorités, a suscité la stupéfaction en Tunisie.
M. Essid a affirmé qu'un «travail de fond (...) sur la culture et l'enseignement» devra être fait et que des réformes devaient être engagées dans l'économie et l'éducation. «Nous savons aujourd'hui que ce qui entraîne les individus dans les courants extrémistes sont soit les difficultés financières ou certaines idéologies religieuses», a-t-il dit.
«Ils ont dû le droguer»
De son côté, la mère de l'auteur présumé s'est exprimée dans une interview au Sunday Times, présentée comme la première depuis les événements. «Je pense que quelqu'un a fait pression sur mon fils pour qu'il fasse ça (...) Mon fils est une victime comme toutes les autres», a affirmé Radhia Manai, 49 ans.
«Mon fils aimait la musique, la breakdance et le football. Ils ont dû le droguer et lui laver le cerveau pour qu'il fasse cette chose diabolique et je veux qu'on trouve ceux qui ont fait ça», a-t-elle ajouté. L'attaque a été revendiquée par le groupe Etat islamique (EI).
«Il croyait en Dieu, pas en cette merde de Daech (le groupe Etat islamique en arabe)», a ajouté son père, Hakim Rezgui, qui a accordé cette interview dans la modeste maison familiale à Gaafour. Sa mère juge que son fils a dû changer à l'université de Kairouan, où il étudiait pour devenir ingénieur.
«Je sais que nous avons beaucoup de terroristes, donc je lui ai dit: 'Si tu veux prier, va à la mosquée et rentre directement, ne parle pas aux salafistes'». Selon son père, l'étudiant rentrait les week-ends et pendant les vacances chez ses parents. «Il adorait rencontrer des touristes et rêvait de finir ses études en France».
«Tellement coupable»
Les parents rejettent les affirmations des autorités tunisiennes que leur fils s'était entraîné en Libye en janvier avec les tueurs du musée du Bardo, affirmant qu'il les appelait quotidiennement. «J'aurais reconnu le numéro», a argumenté son père.
«Nous sommes les parents de ce tueur même si nous ne le reconnaissons pas», a ajouté le père, disant se «sentir tellement coupable».