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État islamiqueL'égorgeur est un rappeur

Le chanteur britannique Abdel Bary, parti en Syrie l'an passé, serait le bourreau du journaliste américain James Foley.

Victor Fingal
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Victor Fingal
Pas de doute pour la presse britannique: le meurtrier de James Foley est Abdel-Majid Abdel Bary, 24 ans, alias L. Jinny ou Lyricist Jinn.

Pas de doute pour la presse britannique: le meurtrier de James Foley est Abdel-Majid Abdel Bary, 24 ans, alias L. Jinny ou Lyricist Jinn.

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De l'Independent au Sunday Times en passant par The Guardian, plusieurs médias britanniques affirmaient hier que le journaliste américain James Foley avait été exécuté en Irak par un ancien rappeur londonien, Abdel-Majid Abdel Bary, 24 ans. La vidéo de l'assassinat avait déjà permis d'établir que le djihadiste de l'Etat islamique se faisant appeler «John» était d'origine britannique à cause de son accent typique «d'Anglais multiculturel londonien», selon un linguiste interrogé par The Guardian.

Père lieutenant de Ben Laden

L'enquête aurait finalement désigné le rappeur, parti en Syrie en juillet 2013, selon Slate.com. Sous l'étiquette L. Jinny ou Lyricist Jinn, il avait diffusé sur BBC Radio des morceaux évocateurs. Dans sa dernière production datant de mars 2013, «The Beginning», il affirmait: «Donne-moi la fierté et l'honneur de mon père.» Son père, justement, d'origine égyptienne, avait été un lieutenant de Ben Laden, impliqué dans deux attentats visant des ambassades américaines en Afrique en 1998. Le terroriste avait été extradé aux Etats-Unis en 2012. Selon l'Independent, le jeune homme faisait souvent référence au parcours de son géniteur et à la difficulté de vivre avec sa mère et cinq de ses proches.

Deux autres Britanniques auraient agi aux côtés d'Abdel-Majid Abdel Bary en Syrie. L'un, médecin, a été arrêté, puis acquitté en 2012 pour le kidnapping d'un journaliste britannique. Le troisième suspect serait un ex-dealer converti à l'islam en prison. Tous trois, d'après un ex-otage interrogé par The Guardian, se feraient appeler «Les Beatles». Selon d'autres sources, Abdel-Majid Abdel Bary aurait aussi été capturé et torturé avant d'être libéré en Syrie par une branche de l'Armée de libération en guerre contre les factions islamistes radicales.

Des vidéos de qualité

Aux yeux de Josua Keating, un spécialiste de l'audiovisuel cité par Slate.com, la production des vidéos de l'Etat islamique a été faite avec un soin particulier. L'ouverture sur le discours de Barack Obama présentant l'aspect granuleux des images de caméra de sécurité rappelle le style du générique de la série «Homeland». Les images de Foley et de son bourreau sont par contre tournées en haute définition.

Selon J. M. Berger, un analyste du contre-terrorisme, la disponibilité d'ordinateurs portables, les programmes d'édition et les caméras HD ont rendu la production de vidéos sophistiquées bien plus facile. Internet simplifie aussi grandement leur promotion.

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