TravailL'emploi à temps partiel se répand en Suisse
Les formes atypiques d'emploi (FAE) signifient également une plus grande insécurité pour les travailleurs.

Les femmes sont les principales touchées par le travail à temps partiel.
Le travail temporaire, à temps partiel ou intérimaire et la sous-traitance augmentent largement dans le monde. La Suisse arrive au septième rang en Europe pour la part des employés à temps partiel, selon un rapport de l'OIT publié lundi à Genève.
Les formes atypiques d'emploi (FAE) «ne sont pas nouvelles mais elles sont de plus en plus répandues sur les marchés du travail», dit la directrice générale adjointe de l'Organisation internationale du travail (OIT) pour les politiques, Deborah Greenfield. Mais elles s'accompagnent souvent d'une plus grande insécurité pour les travailleurs.
Les salaires sont jusqu'à 30% inférieurs par rapport aux employés classiques. Ces travailleurs ont plus de mal à faire valoir leurs droits ou encore à accéder aux prestations sociales.
«Les gains à court terme en matière de coûts et de flexibilité obtenus grâce aux FAE peuvent être dépassés par les pertes de productivité à long terme», dit le chef du secteur des conditions de travail de l'OIT Philippe Mercadent. Les entreprises qui recourent à elles investissent moins, notamment dans l'innovation.
FAE variées en fonction des groupes
Plus de la moitié des entreprises du secteur privé n'ont pas recours au travail temporaire dans plus de 150 pays. Moins de 10% s'appuient sur plus de la moitié de leurs travailleurs sous contrat temporaire. Et l'utilisation moyenne d'employés temporaires dans ces pays atteint un peu plus de 10%, la Suisse s'établissant légèrement en dessus de ce taux.
Parmi eux, environ 20% ont souhaité ce fonctionnement et environ 10% n'ont pu trouver un emploi permanent. Par ailleurs, les femmes totalisent près de 60% des employés à temps partiel dans le monde mais seulement 40% de l'emploi salarié.
La Suisse fait notamment partie des quelques pays où la part de cette participation à l'emploi à temps partiel dépasse de plus de 25 points de pourcentage celle des hommes. Elle figure au 3e rang en Europe pour la part des employés qui travaillent moins de 35 heures par semaine, avec un peu moins d'un tiers. Et 7,9% de ces travailleurs seulement n'ont pas choisi ce fonctionnement.
Au total, 20% des jeunes sont employés à temps partiel. Autre indicateur, 5% des travailleurs suisses oeuvrent sur appel. La part des employés qui cumulent plusieurs emplois est en hausse, à un peu moins de 7%.
Plusieurs pays touchés
Dans les pays industrialisés, le travail à temps partiel alterne entre «horaires très courts» et contrats «zéro heure» sans durée minimale garantie. En Grande-Bretagne, 2,5% des employés travaillent dans les conditions des seconds. Et 10% de la main-d'oeuvre aux Etats-Unis, surtout des travailleurs à bas revenus, est elle employée de manière irrégulière ou sur appel.
Le travail précaire est plutôt observé dans les pays en développement. Il est constaté dans près de deux tiers des emplois salariés au Bangladesh et en Inde et dans un tiers au Mali ou au Zimbabwe. En Australie, l'emploi précaire touche un quart des travailleurs.
Le travail détaché, intérimaire, en sous-traitance ou externalisé s'étend dans les pays asiatiques. Ces FAE ne sont pas utilisées de la même manière en fonction des entreprises, notamment dans un même pays ou un même secteur.
Le rapport recommande des politiques pour une égalité de traitement entre travailleurs, un horaire minimum garanti ou un renforcement de la négociation collective. Il demande également un renforcement de la protection sociale mais également des politiques sociales et d'emploi plus favorables aux travailleurs.