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EducationL'enseignement du français sera protégé en Suisse allemande

Si des cantons devaient renoncer à enseigner une seconde langue nationale, alors la Confédération interviendra. Le PS s'est agacé contre les menaces Outre-Sarine.

Au nom de la cohésion nationale, la question de l'enseignement des langues est central, selon le conseiller national Mathias Reynard.

Au nom de la cohésion nationale, la question de l'enseignement des langues est central, selon le conseiller national Mathias Reynard.

Keystone

La Confédération devra intervenir si des cantons renoncent à l'enseignement d'une seconde langue nationale. Le Parti socialiste (PS) s'insurge contre les attaques à l'encontre du français menées dans certaines parties de la Suisse alémanique. Autre sujet d'inquiétude, les mesures d'économies dans la formation.

Obligation d'enseigner deux langues

A l'approche de la rentrée scolaire, les socialistes ont présenté mardi lors d'une conférence de presse leurs revendications en matière d'éducation. Le futur plan d'études harmonisé pour la Suisse alémanique (Lehrplan 21), prévu pour 2015, provoque nombre de remous, en raison notamment du maintien de l'obligation d'enseigner deux langues étrangères à l'école primaire.

En dépit de la loi sur les langues et du plan d'études, certains milieux alémaniques tentent de se soustraire au français. Or, la question de l'enseignement des langues nationales est centrale; il en va de la cohésion du pays, a fait valoir le conseiller national Mathias Reynard.

Et le Valaisan de s'en prendre aux attaques répétées contre l'enseignement du français dans certains cantons alémaniques. «Curieusement, ces offensives sont soutenues par des milieux politiques qui se prétendent patriotes et défenseurs de l'identité suisse, mais qui préfèrent donner la priorité à l'anglais plutôt qu'à une langue nationale», a-t-il fustigé.

Respect des minorités

Des initiatives ont été déposées à Lucerne et Nidwald, tandis que le Grand conseil schaffhousois a adopté une motion exigeant le retour à une seule langue étrangère (l'anglais) à l'école primaire. Argovie, de fait, a quasiment supprimé le français, puisqu'après une année obligatoire en cinquième, les élèves peuvent renoncer à cette branche, a signalé le conseiller national bernois Matthias Aebischer.

La Suisse s'est construite sur le respect de ses minorités. «Rien ne justifie que seules les communautés linguistiques minoritaires fassent l'effort de découvrir la langue et la culture de la majorité alémanique», a jugé Mathias Reynard.

Arsenal juridique

Pour l'instant, les socialistes n'ont pas l'intention de lancer une croisade pour changer le droit. Dans l'idéal, la question doit être réglée par le plan d'études alémanique, a estimé M. Aebischer. Si nécessaire, on pourra intervenir par le biais de la loi sur les langues.

L'article constitutionnel sur la formation fixe en outre qu'en cas de mésentente entre les cantons, la Confédération devra légiférer pour harmoniser les objectifs pédagogiques. Le ministre de l'intérieur Alain Berset a déjà signalé que le Conseil fédéral ne laissera aucun canton sacrifier l'enseignement d'un autre idiome national sur l'autel de l'anglais. Mais avant d'intervenir, il attend le bilan de l'harmonisation d'ici août 2015.

Le vice-président du PS David Roth s'est pour sa part insurgé contre les coupes à tous crins prévues dans l'enseignement par de nombreux cantons . «Tailler dans les budgets des écoles revient à menacer notre seule matière première», a-t-il lancé.

(ATS)

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