SuisseL'entretien annuel, une source de stress pour les employés
Selon divers syndicats, un nombre grandissant de salariés peinent à faire face aux exigences formulées par leur patron.
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Le service juridique d'Employés Suisse, organisation regroupant quelque 60 associations d'employés, a reçu au cours des derniers mois une vague d'appels à l'aide. Des dizaines de salariés ont contacté la faîtière pour avoir des conseils en matière d'entretiens annuels, écrit vendredi «20 Minuten». «C'est nouveau. Jusqu'à présent, les entretiens annuels n'étaient que peu thématisés», confirme Pierre Derivaz, avocat auprès de l'organisation.
Selon Derivaz, nombre d'employés sont désespérés parce que les objectifs fixés par leur supérieur leur mettent trop de pression. «On leur demande des choses qui, à leur sens, sont inatteignables.» D'autres sont inquiets parce que leur patron fixe soudainement des dates limites jusqu'auxquelles ils sont censés avoir changé. «Les personnes qui nous appellent ne comprennent pas pourquoi leur comportement est soudainement remis en question.»
«Evalutations considérées comme aléatoires»
Hansjörg Schmid, porte-parole de la faîtière, a connaissance de salariés qui se disent «déprimés» et «démotivés» par l'entretien annuel. «Les mesures prises à la suite de ces discussions sont particulièrement pesantes pour les employés.» Il dénonce par ailleurs certaines firmes qui fixent des objectifs difficilement mesurables dans un laps de temps imparti. «Certains salariés craignent de se faire virer s'ils n'atteignent pas ces objectifs.» Autre point de frustration: rares sont les patrons qui attribueraient des notes maximales à leurs employés. Les chefs craindraient que cela les incite à demander une augmentation de salaire.
D'autres syndicats confirment les observations de la faîtière. «La pression augmente dans le monde du travail. Cela a pour conséquence que les exigences et les objectifs à atteindre augmentent chaque année», explique ainsi Gabriel Fischer, de Travail Suisse. Il livre l'exemple des assurances, qui demandent à leurs collaborateurs de traiter davantage de dossiers que l'année d'avant. Christine Michel, d'Unia, ajoute: «Souvent, ces évaluations sont considérées comme aléatoires. Un entretien annuel devrait uniquement avoir comme but de fixer des objectifs factuels et de discuter les buts personnels du collaborateur en termes de formation continue.»
«Cela n'a rien à voir avec de la pression»
Contactée à son tour, l'Union patronale suisse n'a pas les mêmes impressions. «Nous ne comprenons pas ces déclarations. De bons entretiens annuels ne mettent la pression à personne», affirme Daniella Lützelschwab, experte en marché du travail. Elle souligne d'ailleurs que dans les faits les notes attribuées sont plutôt bonnes. Elle rappelle que les entreprises sont censées favoriser l'ouverture au changement et cela à tous les niveaux. «Les changements au sein de notre société sont accentués par les nouvelles technologies. Les entreprises doivent rester agiles dans un tel contexte. Cela n'a rien à voir avec de la pression. Il s'agit plutôt de concevoir et de développer ensemble de nouveaux processus et organisations.»