KirghizstanL'ex-président préparait un coup d'Etat
L'ex-président kirghize Almazbek Atambaïev, inculpé pour corruption et incarcéré, préparait un coup d'Etat.

L'ex-président kirghize Almazbek Atambaïev a été arrêté, il y a quelques jours.
L'ex-président kirghiz Almazbek Atambaïev, accusé de corruption et placé en détention la semaine dernière après son interpellation musclée, préparait un coup d'Etat, a affirmé mardi le chef des services de sécurité de ce pays d'Asie centrale déjà secoué par deux révolutions en 2005 et 2010.
Après des mois de conflit de plus en plus ouvert avec son successeur, l'ancien chef d'Etat, de 2011 à 2017, jusqu'alors poursuivi pour corruption, a été arrêté le 8 août à l'issue de deux assauts des forces spéciales contre sa résidence près de la capitale Bichkek.
Son arrestation a notamment mobilisé près de 2000 policiers, ainsi que le ministre de l'Intérieur en personne, a conduit à la mort d'un membre des forces spéciales et fait une centaine de blessés.
«Acquisition illégale de terres»
«Son intention était un coup d'Etat. Je le dis officiellement», a déclaré mardi Orozbek Opoumbaïev, chef du Service national de sécurité du Kirghizstan (GKNB), lors d'une conférence de presse à Bichkek.
Almazbek Atambaïev est «soupçonné de violences contre des responsables des autorités, d'organisation de troubles de masse et de tentative de meurtre», a précisé de son côté un représentant du Parquet général kirghiz, Zamir Beïchekeïev.
Ces chefs d'accusation sont passibles de peines allant jusqu'à la prison à perpétuité.
Placé en détention provisoire jusqu'au 26 août, Almazbek Atambaïev s'est initialement vu reprocher l'«acquisition illégale de terres» et la libération, lors de sa présidence, du chef mafieux d'origine tchétchène Aziz Batoukaïev en 2013.
D'autres enquêtes ont été lancées par la justice à son encontre après les troubles qui ont accompagné son arrestation.
Pour sa part, Almazbek Atambaïev a qualifié ces accusations d'«absurdes» et estimé être victime d'un conflit personnel avec son successeur et rival, le président actuel Sooronbaï Jeenbekov.
Conflit personnel
A la fin de son mandat, Almazbek Atambaïev avait réussi au prix de manoeuvres politiques à imposer la candidature de Sooronbaï Jeenbekov, qui était alors son poulain, mais les relations se sont rapidement dégradées entre les deux hommes.
Leur conflit personnel fait désormais craindre de graves troubles dans cette ex-république soviétique d'Asie centrale en proie à de fréquentes tensions ethniques. Almazbek Atambaïev s'est rendu le 8 août aux forces de l'ordre, qui assiégeaient depuis deux jours sa résidence dans le village de Koï-Tach, près de Bichkek, où s'étaient rassemblés jusqu'à un millier de ses partisans.
Un premier raid des forces spéciales avait tourné à la bataille rangée et fait un mort et des dizaines de blessés.
Après l'annonce de son arrestation, plusieurs centaines de manifestants protestant contre cette mesure se sont également réunis près du palais présidentiel, théâtre des révolutions de 2005 et 2010, avant d'être dispersés par la police.
Reçu par Poutine
Almazbek Atambaïev, 62 ans, a été inculpé fin juin pour corruption par la justice et son immunité en tant qu'ancien président a été levée par les députés.
La crise est également suivie de près par la Russie, pays allié du Kirghizstan où vivent et travaillent des centaines de milliers de Kirghizes et qui y dispose d'une base militaire.
En juillet, Almazbek Atambaïev s'était rendu en Russie pour être reçu par Vladimir Poutine. Le président russe s'était alors inquiété de possibles troubles, prônant la «stabilité politique» dans un pays théâtre de crises récurrentes.