Fusions - acquisitionsL'exception bancaire, un secteur en plein recentrage
La tendance à la consolidation des derniers mois concerne tous les domaines d'activité en Suisse. La situation est plus singulière dans le secteur bancaire, confronté à de nombreux défis.

L'introduction par la BNS de taux négatifs représente un défi pour les banques.
Marché des actions au plus haut, volonté de gagner davantage grâce à des synergies, telles sont les principales raisons qui motivent les fusions et acquisitions. «Les banques fusionnent pour d'autres raisons», relève Laurent Bakhtiari, analyste des marchés auprès de la banque genevoise IG. Principalement pour des questions de survie.
Le secteur se trouve aujourd'hui en pleine transformation dans un contexte incertain. La mise en conformité avec les nouvelles réglementations coûte cher, trop cher pour certains établissements de taille modeste, note l'expert.
Chers taux négatifs
Les banques sont aussi confrontées au défi que représente l'introduction par la BNS de taux négatifs de -0,75% aux avoirs en comptes de virement. Une mesure qui pénalise la gestion de fortune et présente un risque pour toute la place financière, selon Yves Mirabaud, fondateur et associé senior de la banque genevoise éponyme.
«Il faut pouvoir permettre aux établissements de toutes tailles de subsister», plaidait-il au lendemain de son élection à la présidence de l'Association de banques privées suisses (ABPS). Le constat est fait, l'heure est au recentrage, avec à la clé des alliances et changements de mains. Dernière opération en date, le rachat par Notenstein de la Banque La Roche.
«D'ici à cinq ans, il est très possible que la Suisse ne compte plus que 100 banques privées», déclarait fin janvier Boris Collardi, patron de Julius Baer et président de l'Association de banques suisses de gestion (ABG). Il y a dix ans, le pays en comptait 182.
Particularité helvétique
Un phénomène de concentration qui s'est accéléré mi-janvier, avec le revirement de la Banque nationale suisse (BNS) et devrait se poursuivre ces prochains mois. Et la particularité du secteur helvétique fait que ce sont essentiellement les établissements défendus par Boris Collardi et Yves Mirabaud qui sont visés.
En Suisse «le secteur est très concentré dans l'activité de banque universelle, et très vaste, dans l'activité de banque privée», explique Laurent Bakhtiari.
Au chapitre des fantasmes, une fusion entre les deux grandes banques, UBS et Credit Suisse, paraît très improbable. Même si rien n'est jamais totalement exclu. «Je travaillais chez Merill Lynch lors de son rachat par Bank of America. Je n'aurais jamais parié là-dessus à l'époque», se souvient Laurent Bakhtiari.