Publié

JusticeL'informateur de WikiLeaks risque une peine de 154 ans

Trois ans après son arrestation en Irak pour l'une des plus importantes fuites de documents confidentiels de l'histoire américaine, le soldat Bradley Manning comparaît à partir de lundi devant une cour martiale.

Keystone

«Le procès du siècle est sur le point de commencer», proclame le Réseau de soutien de Bradley Manning, à la veille de l'ouverture des débats, pour une période de près de trois mois, sur la base militaire de Fort Meade (Maryland), non loin de la capitale Washington.

Le simple soldat, au corps frêle et au visage d'adolescent, encourt la réclusion criminelle à perpétuité au terme de ce procès devant la juge militaire Denise Lind.

Il est accusé de «collusion avec l'ennemi», en l'occurrence l'organisation terroriste Al-Qaïda, pour avoir livré au site internet WikiLeaks des milliers de documents militaires américains sur les guerres en Irak et en Afghanistan, ainsi que plus de 250'000 dépêches du département d'Etat.

Mise en danger des Etats-Unis

Le gouvernement américain affirme que le soldat Manning a mis «sciemment» les Etats-Unis en danger en communiquant ces documents secrets, auxquels il avait accès dans le cadre de ses fonctions d'analyste du renseignement en Irak de novembre 2009 à son arrestation en mai 2010.

Une allégation que le gouvernement devra prouver au procès, a ordonné la juge lors d'une audience de préparation du procès.

Le jeune homme de 25 ans a «endossé l'entière responsabilité de ses actions» mais a catégoriquement nié avoir voulu «nuire» aux Etats-Unis. «Je croyais que la publication (des documents) pourrait provoquer un débat public sur nos forces armées et notre politique étrangère en général», a-t-il plaidé devant la juge, lors d'une de ses deux interventions en présence des médias.

«Collusion avec l'ennemi» niée

Il plaidera coupable de dix chefs d'accusation mais se considère innocent des accusations de «collusion avec l'ennemi» ou «publication sur internet de renseignements militaires en sachant qu'ils seront accessibles à l'ennemi», les plus lourdes des 22 charges.

Il a ainsi reconnu «la transmission intentionnelle» d'une vidéo montrant la bavure d'un hélicoptère de combat tirant sur des civils en Irak en juillet 2007, ou encore de mémorandums relatifs à la guerre en Irak, en Afghanistan et aux détenus de Guantanamo.

Avec ce plaider-coupable partiel, la peine maximale encourue passe de 162 à 154 ans.

Soutien quotidien

Le procès en cour martiale, prévu pour durer jusqu'au 23 août, devrait attirer chaque jour un rassemblement de soutien devant la base militaire de Fort Meade.

Ce réseau de soutien proteste contre le «rythme d'escargot» auquel le soldat est jugé, selon l'expression de l'avocat de Manning, David Coombs. Il dénonce en outre la chape de plomb qui entoure les débats et leur couverture médiatique.

(ats/afp)

Ton opinion