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Votation du 30 novembreL'initiative sur l'or divise l'UDC

Moins de la moitié des députés de l'UDC ont approuvé le projet lors du vote au Conseil national.

Le financement du projet entraînerait certains défis.

Le financement du projet entraînerait certains défis.

Le peuple vote le 30 novembre sur l'or de la BNS. Le précieux métal est souvent considéré comme une valeur refuge, à l'opposé des monnaies instables. Pourtant, il fluctue tout autant. Même l'UDC, dont les initiants sont issus, se montre très divisée sur l'objet du scrutin.

«Pour beaucoup, l'or fait figure de garant de stabilité», relève auprès de l'ats Bernard Lambert, chef économiste à Pictet Wealth Management. En partie à raison: «En cas de grave crise ou de guerre, ce métal fait office de réserve de valeur et compense la dévaluation de la monnaie nationale et l'hyper-inflation».

Mais sinon, l'or subit des variations très fortes, comme les devises papier. Il suffit que l'inquiétude augmente sur les marchés et que de nombreux acteurs en achètent pour que sa valeur grimpe. D'ailleurs, «son prix, qui avait fortement progressé suite à la crise financière, a ensuite chuté ces deux dernières années», illustre le spécialiste de l'établissement privé.

La Banque nationale suisse (BNS) en sait quelque chose. Pour rappel, l'institut d'émission n'a pas pu verser cette année de dividendes à ses actionnaires et aux cantons en raison des pertes encaissées en 2013 sous l'effet de la dévalorisation de l'or.

Acheter 2000 tonnes d'or

Concrètement, l'application de l'initiative s'avérerait compliquée et coûteuse, estime Bernard Lambert. Le texte exige en effet que l'institut d'émission porte ses réserves de métal jaune à 20% de la valeur de ses actifs.

«On en est très loin aujourd'hui. Sans réduction des autres actifs, la BNS devrait acquérir quelque 2000 tonnes» pour compléter son stock de 1040 tonnes, soit «près de 80 milliards de francs au cours actuel.»

Difficile à financer

Le financement entraînerait certains défis. «Si pour des raisons de politique monétaire, la BNS ne voulait pas vendre des devises étrangères, une des possibilités serait de créer encore de la monnaie», selon le chef économiste de Pictet Wealth Management.

La Banque nationale a déjà recouru à ce procédé «à grande échelle» pour maintenir le taux plancher entre le franc et l'euro. Son bilan continuerait de gonfler, alors «que l'objectif est à terme de le réduire».

L'or comporte en outre une particularité: «C'est un actif qui ne rapporte rien. Contrairement aux placements en devises étrangères, il ne permet pas d'en tirer des intérêts.» Et la conservation du métal engendre des frais, notamment dans le domaine de la sécurité.

UDC divisée

Certains de ces éléments ont contribué à diviser l'UDC, dont est issu le comité d'initiative. Moins de la moitié des députés du parti ont approuvé le projet lors du vote au Conseil national. Et vendredi, le comité du parti a recommandé le rejet du texte par seulement 35 voix contre 34.

Guy Parmelin fait partie des opposants. «Le texte poserait des problèmes de mise en oeuvre à la BNS et restreindrait sa marge de manoeuvre.» En outre, «cette volonté du politique d'interférer dans la politique monétaire n'est pas saine», craint le Vaudois. «Car cela créerait un précédent» et ouvrirait la porte à d'autres immixtions.

«Petite fracture au sein de l'UDC»

Lukas Reimann (UDC/SG), l'un des initiants, est d'un tout autre avis. «L'initiative ne favorise pas une intervention dans l'économie: au contraire, elle renforce l'indépendance de la Banque nationale en accroissant ses réserves de moyens réels.»

Pour le conseiller national, la fracture au sein de l'UDC sur l'objet est «beaucoup plus petite que ce que les médias veulent bien dire». Il en veut pour preuve que «la base qui a pu se prononcer soutient le texte presqu'à l'unanimité». Et d'évoquer notamment l'Association pour une Suisse indépendante et neutre (ASIN), dont il est président, ainsi que les Jeunes UDC.

L'initiative «Sauvez l'or de la Suisse» demande à la BNS de stopper ses ventes d'or, de ramener en Suisse tout l'or stocké à l'étranger et de constituer des réserves d'or pour au moins 20% de ses actifs. Pour le Conseil fédéral, ce texte entrave la politique monétaire de l'établissement, nuit à la stabilité du franc suisse et compromet la distribution de bénéfices à la Confédération et aux cantons.

(ats)

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